Sandra Lamothe et Jean Grondin sont courageux: après neuf ans de bataille pour savoir ce qui s’est passé avec leur fille Coralie, atteinte de ce qui a été diagnostiqué comme étant une paralysie cérébrale, ils viennent de perdre leur procès intenté pour faute médicale, mais ils iront en appel, contre vents et marées.
«Aller en appel n’est pas une décision facile à prendre, après tout ce que l’on a vécu de difficultés et de déceptions, après tout l’argent qu’on a dû y mettre, plus de 150 000 $, mais nous allons le faire d’abord pour Coralie et aussi pour avoir le fin mot de l’histoire», ont raconté les deux parents lors d’un entretien dans les bureaux de L’Express récemment.
Leur fille est venue au monde le 29 avril 2001, prématurément, dans la 33e semaine de grossesse. Sans entrer dans les détails, Coralie, montrant des signes de détresse respiratoire dès sa naissance, a été prise en charge par l’équipe médicale de l’Hôpital Sainte-Croix, de sorte que la mère ne l’a pas vue durant plusieurs heures. Neuf heures après l’accouchement, elle a été transportée au CHUS…
Après 18 mois de suivis médicaux, c’est un jeune pédiatre à Sherbrooke qui, pour la première fois, leur a parlé de paralysie cérébrale, au détriment du neurologue pédiatrique en place qui ne semblait pourtant pas alarmiste face à l’évolution de Coralie. Il devenait important de passer un IRM mais la liste d’attente était longue.
En 2004, Sandra Lamothe est allé consulter le dossier médical de sa fille datant précisément de la nuit du 29 au 30 avril 2001. Ce qu’elle a découvert l’a renversée: «J’ai lu des choses que j’ignorais, qu’on ne m’avait pas dites. Pourquoi ne nous avait-on pas parlé de ces complications? On aurait dû savoir. Moi, le soir de l’accouchement, ça s’était passé très vite, j’étais sous le choc, je n’ai rien demandé». Elle a ajouté que même si la pédiatre en charge de Coralie les 29 et 30 avril 2001 l’a suivie pendant plusieurs mois suivant l’accouchement, jamais elle et son conjoint n’ont-ils été informés par l’équipe médicale «des tentatives ratées d’intubations, de l’appel à l’anesthésiste, des arrêts respiratoires…»
À la suite de ça, les parents consultent un avocat qui leur dit qu’il est urgent d’obtenir un diagnostic via IRM, ce qui est fait, et le verdict tombe: Coralie est atteinte de leucomalacie périventriculaire, une forme de paralysie cérébrale qui résulte en diplégie spastique. «Notre avocat a enregistré la cause et s’en est suivie une série d’expertises avec des médecins, un ergothérapeute et un actuaire. On a eu de l’aide financière de la famille, mais ça n’a pas été suffisant pour tout payer. Heureusement, nos avocats nous épaulent dans cette démarche en prenant le dossier à pourcentage, ce qui fait que nous n’avons pas à supporter leurs honoraires professionnels. Le procès qui s’est déroulé du 15 avril au 16 juin 2012, a été l’un des plus longs à s’être tenu à Drummondville», souligne Jean Grondin.
Le jugement de la juge Lise Matteau est arrivé le 31 janvier 2013. «Elle a conclu qu’il n’y avait pas de faute. Selon certaines jurisprudences, un médecin a l’obligation de moyens et non de résultats. Il doit agir comme tout médecin moindrement compétent, prudent et diligent aurait agi dans les mêmes circonstances. Nos avocats, qui n’ont jamais été en appel à la suite d’une cause perdante, nous disent qu’ils ont détecté plusieurs erreurs dans le jugement et qu’on peut en appeler».
Donnez au suivant…
Les parents de Coralie ont eu un coup de chance: une personne, désirant garder l’anonymat, qui est sortie gagnante d’une cause semblable, a donné une somme de 50 000 $ en fiducie pour les aider. «Ce montant a été apprécié. Si on gagne, on va faire comme elle et on va donner au suivant…
N’empêche pas que tout ça est très difficile, émotionnellement et financièrement. Là, on a besoin d’encouragement, de solidarité. Nous ne pouvons tout dire car la cause ira en appel».
Le couple a eu une deuxième fille, Maïka, 9 ans, qui est en parfaite santé. «Coralie aura 12 ans bientôt et elle est en classe d’adaptation. Elle a subi deux chirurgies et une troisième est à venir. Un jour, elle nous demandera pourquoi elle est comme ça et pas sa sœur. Je veux être en mesure de lui donner une réponse», affirme sa mère.
Les parents accepteront toute aide monétaire. Quiconque est intéressé à le faire peut envoyer un chèque au nom de la firme de chez Tremblay Bois Mignault Lemay (en fiducie) et on peut faire parvenir le don au 1195 av. Lavigerie, Iberville un, bureau 200, Québec, G1V 4N3.