L’annonce tant attendue de la date du référendum sur le projet d’agrandissement du dépotoir de Waste Management, qui aura lieu le 24 mars, a déclenché hier soir au conseil municipal de Drummondville un débat de fond intense et parfois houleux à la période de questions.
Durant une heure, plusieurs opposants au projet d’agrandir de 48 hectares pour une période de 20 ans le lieu d’enfouissement technique (LET), dont l’ex-maire de Saint-Nicéphore Jean-Guy Forcier, se sont succédés au micro pour demander des précisions sur la position des élus dans ce dossier complexe qui laisse encore beaucoup de questions sans réponses.
Ce référendum sera-t-il simplement consultatif ? La Ville s’engagera-t-elle à respecter le résultat de ce scrutin? Y aura-t-il une augmentation de taxes municipales si le non l’emporte? Les autorités de Saint-Nicéphore avaient-elles négocié un droit de véto en obtenant l’inclusion de l’article 45 dans le décret sur le regroupement municipal (2005) qui oblige à tenir deux référendums, un à Drummondville et un autre dans l’ex-municipalité de Saint-Nicéphore ? Voilà autant d’interrogations, et d’autres encore, qui mériteront d’être éclairées au cours des prochaines semaines si, comme tous l’ont souligné, on veut que les citoyens aient toutes les informations pertinentes pour rendre la meilleure décision possible le 24 mars prochain.
Il semble bien que le référendum sera consultatif, sauf qu’une importante particularité de l’affaire découle de l’article 45, lequel stipule que «tout projet d’agrandissement du site d’enfouissement doit être approuvé, conformément à la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, par les personnes habiles à voter du secteur Saint-Nicéphore ainsi que par celles de l’ensemble du territoire de Drummondville». Questionnée à ce sujet, la mairesse Francine Ruest Jutras a rappelé qu’elle avait écrit aux deux ministères (des Affaires municipales et de l’Environnement) pour leur indiquer qu’ils devaient, tout comme elle, composer avec cette importante donnée juridique.
Comme l’a suggéré Berthe Tessier, une opposante, il faudra donc tenir un autre référendum lorsque viendra le temps pour la Ville d’adopter le règlement «parce qu’il lui faudra l’approbation des citoyens comme le dit l’article 45. Avons-nous les moyens d’un deuxième référendum?», a-t-elle demandé. «On diffère sur l’interprétation de ce texte, a rétorqué Mme Ruest Jutras. Cette question devra être tranchée avant le 24 mars».
Là où il n’y a pas de doute, c’est que la décision finale reviendra au ministre de l’Environnement, le Drummondvillois Yves-François Blanchet. Plusieurs intervenants ont relevé une déclaration faite par M. Blanchet le 26 décembre dernier au confrère Gérard Martin, de L’Express, à savoir «qu’il lui serait bien difficile en tant que ministre d’aller à l’encontre de la volonté populaire une fois que les Drummondvillois se seront prononcés».
Jean-Benjamin Milot a pour sa part demandé si le conseil municipal était préparé aux deux issus résultant du référendum. «Que se passera-t-il si c’est oui, que se passera-t-il si c’est non ?». Là encore, la réponse n’a pas été limpide. «Dans les deux cas de figure, a précisé la mairesse, le contrat pour la collecte et l’enfouissement des déchets par Waste Management arrive à échéance cette année. Il faudra aller en appel d’offres et si Waste Management ne soumissionne pas, nous aurons à regarder ailleurs».
Par ailleurs, un sondage est en cours dans la région de Drummondville, mais il n’a pas été possible de savoir qui le finance. Les questions sont tendancieuses, selon des gens sondés.
Le mot de la fin revient au conseiller Yves Grondin : «On aura à expliquer la position de la Ville dans les prochaines semaines».