Éric Lefebvre, qui fait face à une trentaine de chefs d’accusation pour vols, recel, incendies criminels, entrave à la justice, fraudes, complots, fabrication et usage de faux, a été remis en liberté lundi dernier.
Face au juge Gilles Lafrenière, au palais de justice de Drummondville, Me Gilles Doré a pu obtenir de la Cour que son client sorte de prison, où il était enfermé depuis son arrestation le 23 mai dernier, grâce aux engagements monétaires de trois personnes. Denis Lefebvre s’est engagé pour un montant de 100 000 $, Pascal Lefebvre pour 10 000 $ et Pierre Desrosiers pour 10 000 $. Ces sommes ont été garanties sans être déposées réellement.
Le Cyrillois de 41 ans devra revenir devant le Tribunal le 13 février 2013 pour une mise au point de son dossier, c’est-à-dire pour finaliser les faits, et il aura ensuite rendez-vous avec le juge Lafrenière le 2 avril pour recevoir sa sentence.
Une requête en révision de cautionnement, déposée par Me Doré, a été entendue le 25 septembre dernier par le juge Jean-François Buffoni, au palais de justice, où, à la demande de la défense, une ordonnance de non-publication a empêché la presse de donner des détails sur le contenu des procédures. On peut toutefois signaler que trois témoins, amis de l’accusé, étaient venus dire qu’ils se portaient garants, monétairement, du respect des conditions auxquelles serait soumis Éric Lefebvre si le juge acceptait de le remettre en liberté, ce qui, manifestement, a été réussi malgré l’objection de la Couronne représentée par Me Michel Greene.
On se souviendra que, quelques heures après l’arrestation d’Éric Lefebvre, en mai dernier, au terme d’une vaste opération impliquant 140 policiers, des hauts gradés de la Sûreté du Québec, en conférence de presse avec plusieurs médias, avait fait grand cas du démantèlement d’un super réseau de voleurs et de receleurs ayant à sa tête «Éric Lefebvre dit le parrain». C’était le «Projet Grue». La SQ avait fait savoir qu’elle avait procédé à la saisie de 20 véhicules, dont des pelles mécaniques, des charriots élévateurs, des camions-bennes et des grues, une remorque de 40 pieds et deux tracteurs, le tout totalisant plus de 800 000 $.
Plus tard, c’est la GRC qui entrait dans la danse en accusant Lefebvre et ses complices d’être impliqués dans un réseau de faussaires qui, à partir de Drummondville et de Trois-Rivières, avait les capacités de produire et de distribuer partout dans le monde plusieurs millions de dollars en faux billets américains. Les policiers de la GRC, en collaboration avec les Services secrets américains, avaient mené une enquête permettant la saisie de 949 000 $ en faux billets américains de 20 $.
Revenu Québec a suivi en prenant des mesures de perception afin de maximiser le recouvrement des sommes qui lui étaient dues par le présumé criminel ainsi que par la société 9119-5529 Québec inc., dont il est l’administrateur. Les créances établies en vertu de la Loi sur les impôts totalisaient plus de 146 000 $. Pour ce qui est de la société 9119-5529 Québec inc., les sommes dues en vertu de la Loi sur la taxe de vente du Québec s’élevaient à près de 42 000 $.
Rappelons que le 15 juin dernier, le juge Gabriel Lassonde s’était objecté à la remise en liberté de l’accusé. Essentiellement, la grande probabilité qu’il commette d’autres crimes, basée sur ses antécédents judiciaires et sur la «preuve forte» déposée par les enquêteurs, et l’importance de préserver la confiance du public envers la justice sont les deux raisons qui avaient alors incité le magistrat à ordonner la détention, une «détention nécessaire», avait-t-il qualifié.