Alain St-Louis, qui a quitté les lieux d’un accident sur l’autoroute 20 à la hauteur de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, au lieu de prêter secours à Claudine Pruneau qui est décédée une heure et demie plus tard le 14 septembre 2008, a été condamné à une peine d’emprisonnement de 18 mois dans la collectivité. La famille de la victime n’en revient pas !
Dans sa déclaration d’une vingtaine de pages, lue cet après-midi au palais de justice de Drummondville, le juge Gilles Lafrenière a ajouté à la sentence un total de 240 heures de travaux communautaires à effectuer dans un délai de 15 mois. Pour les 9 premiers mois, Alain St-Louis devra demeurer à l’intérieur de sa résidence 24 heures sur 24 et, par la suite, de 22 heures à 7 heures, sauf pour traitement médical, pour son travail, pour poursuivre des études et pour faire ses achats d’épicerie.
La fourgonnette que conduisait l’accusé, pour une raison qui n’a jamais éclaircie, était arrêtée au milieu de la voie de droite de l’autoroute 20, près du kilomètre 194, à 4 heures du matin, lorsque la voiture où prenait place Claudine Pruneau, 32 ans, de Fortierville, l’a percutée par derrière. Selon deux témoins qui sont arrivés sur les lieux dans les minutes suivantes, la fourgonnette était retournée de 180 degrés et leur faisait face. Selon eux, il semblait y avoir une crevaison. Ils sont allés voir l’accusé pour savoir s’il était correct, il a fait signe que oui et, sans sortir de son véhicule, il a quitté en faisant demi-tour. C’est à ce moment que les témoins ont réalisé qu’une petite voiture accidentée se trouvait sur l’accotement du côté gauche. D’autres témoins sont arrivés et un appel au 911 a été logé.
Alain St-Louis, âgé de 39 ans, marié depuis 15 ans et père de quatre enfants, s’est livré à la police 36 heures plus tard, disant se rappeler qu’un bruit bizarre sous son véhicule l’avait incité à s’arrêter. Plus tard, à l’audience, il prétendra plutôt qu’il y a eu une rupture inopinée du courant électrique. Autrement dit, la raison de l’immobilisation n’a pas été élucidée par la preuve.
Le juge Lafrenière, après avoir cité plusieurs cas de jurisprudence, a retenu des facteurs atténuants comme le plaidoyer de culpabilité, le respect des conditions de remise en liberté et le fait que l’accusé, menuisier-charpentier dans l’entreprise familiale, est bon travailleur. Il a aussi souligné que la fuite de l’accusé n’est pas la cause du décès de Mme Pruneau. Toutefois, à titre de facteurs aggravants, «le Tribunal retient la déresponsabilisation de l’accusé et … demeure surpris qu’il se considère comme une victime et qu’il reproche toujours au conducteur de l’automobile qui a embouti la sienne (la victime était passagère, son conjoint Henri Lajoie conduisait) d’être responsable de l’accident».
Le tribunal a également tenu compte des conséquences désastreuses pour les proches de la victime. «La sentence ne sera jamais à la hauteur de la douleur des proches de la victime», a déclaré le juge Lafrenière avant de rendre sa décision.
Avant le début de l’audience, quelques gardiens de sécurité ont procédé à une fouille systématique des visiteurs, y compris les journalistes, chose qui n’a jamais été vue de mémoire d’homme au palais de justice de Drummondville. Il semble que des menaces de mort auraient été adressées à l’accusé.
Le juge n’avait pas fini d’expliquer sa décision qu’une femme, la mère de la victime, s’est précipitée vers la porte de sortie en criant «vendu». Dans le corridor, elle a crié à l’injustice en tirant son manteau par terre, sous l’œil des caméras. M. Lajoie s’est avancé vers les journalistes pour lancer : «Si vous avez un accident, chaud, quittez les lieux, vous n’irez pas en prison».
L’avocat d’Alain St-Louis, Me Bernard Bergeron, a affirmé : «La Cour n’est pas là pour assurer une vengeance, elle doit appliquer les règles du droit. Et c’est une peine sévère, ce n’est pas une sentence bonbon. Même un emprisonnement à perpétuité n’aurait pas donné satisfaction aux proches de la victime».
La Couronne réclamait une peine d’emprisonnement ferme de 18 mois.