Des Impatients qui ont fait preuve de… patience!

Par Maxime Rioux
Des Impatients qui ont fait preuve de… patience!

L’antenne drummondvilloise de l’organisme montréalais Les Impatients a annoncé, mardi après-midi, la tenue d’une première exposition du genre à l’Espace Soprema de la Galerie d’art Desjardins. Celle-ci peut être visitée du mardi au dimanche de 13 h à 17 h, et ce, jusqu’au 23 décembre.

L’organisme Les Impatients a été fondé à Montréal par Lorraine Palardy, en 1992, et a pour mission de venir en aide aux personnes atteintes de problèmes de santé mentale par le biais de l’expression artistique. Se voulant d’abord un centre d’expression qui ouvre les portes de ses ateliers aux personnes connaissant ou ayant connu des difficultés d’ordre psychiatrique pour leur permettre de faire, en tant que créateurs, l’expérience de diverses formes d’art, le centre Les Impatients est, en corollaire, un centre d’interprétation de l’art thérapeutique et de l’art brut qui permet à toutes les personnes qui le souhaitent d’être mises en présence des réalisations des ateliers du centre d’expression via des expositions; ensuite, d’être mieux informées des questions touchant la santé mentale via des conférences, des tables rondes et des colloques. Les participants aux ateliers de création des Impatients sont toujours référés par des spécialistes en santé mentale.

Drummondville

À Drummondville, cette première expérience d’ateliers de création s’est avérée un véritable succès à tous les égards. Une douzaine de participants ont pris part à l’expérience. Des portraits, des paysages, de l’abstraction sont à l’honneur et différentes techniques ont été utilisées (acrylique, aquarelle, sérigraphie, linogravure et autres).

«Une douzaine de participants ont pris part à cette expérience de création, a noté Hella Derouin, coordonnatrice à la Galerie d’art Desjardins, responsable des activités éducatives et animatrice des ateliers des Impatients. Je travaille avec les Impatients depuis un an et demi et nous avons dû apprendre à nous connaître. Dès le début, j’ai été en mesure de constater que tous les participants souhaitaient s’investir. Ils sont très respecteux pour l’art et ça leur permet de sortir de la solitude qui accompagne souvent la maladie pendant deux heures. D’ailleurs, il arrive souvent qu’ils vont manger ensemble après les ateliers.»

Pour sa part, la fondatrice des Impatients, Lorraine Palardy, a partagé son bonheur de voir Drummondville faire maintenant partie de la «famille».

«Il s’agit du premier atelier que nous donnons à l’extérieur de Montréal. C’est la toute première fois que nous passons le flambeau et vous le portez très bien. Vous êtes notre produit vendeur!, a-t-elle-même reconnu, s’adressant aux personnes engagées dans ce projet. À Drummondville, vous avez réussi à créer rapidement un noyau en raison de la présence de nombreux collaborateurs.»

Psychose

La cohorte de créateurs de Drummondville provenait de la Clinique pour jeunes psychotiques.

«Cette aventure a commencé en 2010, a rappelé Marie-Claude Parent, psychiatre à l’hôpital Sainte-Croix et responsable du projet. Nous avions alors parlé de la possibilité d’implanter les Impatients à Drummondville. Finalement, nous avons formé deux ateliers. Ce qu’il y a d’intéressant avec la présente exposition, c’est que des capsules informatives sur la psychose sont affichées près des créations, ce qui permet aux visiteurs d’en apprendre sur le sujet. Il est important de changer l’image de la psychose.»

Estime et confiance

François Dubuc, un Impatient qui a signé une œuvre intitulée «Éclipse de feu», laquelle sert à promouvoir la présente exposition, a tenu à prendre la parole.

«Ces ateliers de création nous permettent d’avoir une meilleure estime de nous-mêmes et de la confiance. Ça nous démontre aussi que nous sommes capables d’obtenir des résultats dans la vie», a-t-il fait valoir.

«Durant le processus de création, a expliqué pour sa part Mme Derouin, j’amène aussi les participants à élaborer leurs œuvres avec rigueur et à faire en sorte qu’ils puissent apprécier la qualité de leur travail. Je suis aussi là pour les aider en ce sens. Chacun d’eux a une touche particulière qui a même conduit à donner des surnoms à chacun des participants en lien avec leur couleur particulière.»

À ce jour, l’organisme Les Impatients possède une collection de plus de 12 000 œuvres. Il s’agit là d’un patrimoine d’une grande richesse et d’une originalité toute particulière qui constitue la première collection du genre au Canada.

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