Les «super-infirmières» plus que jamais essentielles

Les «super-infirmières» plus que jamais essentielles

Christelle Goulet D’Onofrio pratique à temps complet depuis 1 an et demi aux GMF Centre médical AJC et Centre médical Saint-François. Deux autres IPS de première ligne sont en attente de leur certification

Une meilleure accessibilité aux soins de santé de première ligne, est-ce possible? Les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), bien qu’encore peu nombreuses, peuvent faire une grande différence. Au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Drummond, on en compte une ainsi que deux autres en attente de leur certification.

Suivis de patients atteints de maladies chroniques, prescriptions de certains médicaments, ajustements et renouvellements de la médication, examens gynécologiques, chirurgies mineures telles que suture de plaies et drainage d’abcès… Les tâches des IPS, aussi appelées dans le jargon populaire les «super-infirmières», sont très diversifiées.

«Nous devons suivre, bien sûr, des lignes directrices. Par exemple, nous ne pouvons pas prescrire les antidépresseurs et les médicaments utilisés pour traiter les maladies chroniques, mais nous pouvons faire le renouvellement et ajuster la posologie», précise Christelle Goulet D’Onofrio, IPS en soins de première ligne aux Groupes de médecines familiales (GMF) Centre médical AJC et Centre médical Saint-François depuis un an et demi.

Les IPS offrent des soins qui étaient auparavant prodigués uniquement par des médecins omnipraticiens. Le but n’est pas de prendre leur place, mais bien de travailler en partenariat et en complémentarité avec eux.

«Alors que les infirmières sont sous les ordres des médecins, les IPS, quant à elles, travaillent en collaboration avec eux», souligne-t-elle, en indiquant que Drummondville est parmi l’une des villes où l’on retrouve le plus de «superinfirmières».

Jusqu’à maintenant, Mme Goulet D’Onofrio est supervisée par plus de vingt médecins. Il est bon de préciser que chaque spécialiste a la liberté d’accepter la collaboration d’une «super-infirmière».

«Certains demeurent réticents et c’est correct. En ce qui me concerne, je peux dire que j’ai une belle collaboration avec les médecins. Ils sont très ouverts et toujours prêts à répondre à mes questions», affirme celle qui est diplômée du programme de la maîtrise en sciences infirmières (soins de première ligne) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Celle-ci explique que sa clientèle est très large, allant de bébés à personnes âgées, en passant par de jeunes adultes et des femmes enceintes. De surcroît, elle est disponible pour accueillir les patients dits "orphelins", en d’autres mots, ceux qui n’ont pas accès à un médecin de famille.

«Je peux assurer le suivi des patients qui passent par le Guichet d’accès pour la clientèle orpheline, destiné aux personnes vulnérables et très malades n’ayant pas de médecin de famille. En fait, je suis leur principale intervenante, tout en étant supervisée par un médecin qui les rencontre de temps à autre. Actuellement, j’ai une vingtaine de clients», spécifie celle qui est également professeure à l’UQTR.

Cette dernière ne cache pas que certains patients sont méfiants lorsqu’ils la rencontrent.

«Les gens ne nous connaissent pas et ne savent pas quel est réellement notre rôle. Lorsque je vois qu’ils sont méfiants, je leur dis tout simplement que j’ai un rôle de collaboration avec leur médecin et que je ne remplace nullement leur docteur. C’est certain que s’il y a quelque chose d’anormal, leur médecin sera mis au courant. Généralement, ça les rassure énormément», confie-t-elle, précisant que les rendez-vous du même patient sont partagés entre l’IPS et le médecin.

Le partage des tâches entre les «super-infirmières» et les omnipraticiens ne peut qu’être gagnant. Cette façon de travailler en équipe peut faire partie de la solution pour une meilleure accessibilité aux soins de santé de première ligne tout en permettant aux médecins de prendre plus de patients à leur charge.

«Les patients sont reconnaissants. Je sens que je fais vraiment une différence», expose celle qui souhaite être titulaire d’un doctorat.

«Lors des premières cohortes d’IPS en 2007, il y avait des craintes. Maintenant, je constate que nous sommes en train de faire nos preuves et ça va bien. J’ai hâte de voir les retombées dans quelques années», poursuit-elle.

Le Québec compte 156 IPS en soins de première ligne. En juillet 2010, le gouvernement avait annoncé un investissement de 117 millions de dollars pour créer 500 postes d’ici 2019.

«Le CSSS devrait en accueillir deux autres l’an prochain. L’objectif de la direction est que chacune des cinq GMF ainsi que le CLSC aient leur IPS», conclut Mme Goulet D’Onofrio.

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