Toutes les fantaisies sont permises lorsque l’on se plaît à imaginer sa ville autrement, en faisant appel, par exemple, à l’art urbain pour lui donner une personnalité différente, voire originale.
C’est un peu à quoi s’est amusé le photographe Jean Lauzon sur Facebook en lançant l’idée de transformer le château d’eau de l’usine Osram Sylvania de Drummondville en un immense bonhomme sourire.
Pour imager le concept, celui qui est également connu pour être le fondateur et le directeur général du Musée populaire de la photographie de Drummondville a fait appel à un ami qui, à l’aide du logiciel Photoshop, a réalisé une illustration de ce que pourrait donner cette transformation ultime.
Force est de constater que le légendaire personnage a fière allure dans le paysage de l’immense structure de la Osram Sylvania avec son long cou et sa tête jaune, son sourire attachant et ses yeux moqueurs.
D’ailleurs, M. Lauzon ne cache pas qu’il a accumulé beaucoup de «J’aime» et autres commentaires favorables depuis qu’il a partagé son idée sur son mur.
S’il est difficile de ne pas bouger les lèvres en découvrant cet attachant personnage sur Facebook, on peut s’imaginer facilement son effet sur une réplique à grande échelle dans un secteur abondamment fréquenté par la clientèle étudiante, les sportifs, les visiteurs à la Maison des arts Desjardins de Drummondville, sans oublier les gens des quartiers voisins en raison de sa hauteur.
On peut même imaginer qu’à la vue du bonhomme sourire, les travailleurs et travailleuses trouveraient leur bonne humeur à leur entrée à l’usine du 1, rue Sylvan.
Pas encore une réalité
Bien sûr, le tout n’est qu’au stade d’une idée, même si Jean Lauzon s’est permis d’approcher un conseiller municipal pour qu’il mesure l’intérêt de la Ville face à un tel projet et, le cas échéant, pour favoriser une rencontre avec les autorités de la Osram Sylvania pour en vérifier la faisabilité.
Selon M. Lauzon, l’intérêt vient du fait que l’imposante structure est déjà en place et que, de toute évidence, une bonne couche de peinture sur le château d’eau ne ferait peut-être pas tort, cela dit sans porter de jugement.
L’Express s’est permis de joindre le directeur de l’usine drummondvilloise d’Osram Sylvania, Louis Pelchat, pour vérifier s’il était au fait de cette idée circulant sur Facebook et pour recueillir ses premières impressions.
M. Pelchat a d’abord paru étonné lorsque nous lui avons fait part de cette initiative citoyenne et n’a pas démontré d’entrée de jeu un très grand enthousiasme, peut-être en raison de l’effet de surprise.
Le directeur d’usine n’a pas pour autant fermé complètement la porte, précisant qu’une telle décision, si elle devait être prise, ne viendrait pas de son niveau.
Louis Pelchat a convenu cependant que des coûts relativement importants seraient sans doute requis pour repeindre cette imposante structure.
Il en a profité pour rappeler que le château d’eau n’est plus utilisé depuis des années et que sa construction avait été exigée par les assureurs au début des années 1950 qui y voyaient l’équipement nécessaire pour lutter contre un incendie en raison à l’époque de la faible pression de l’aqueduc municipal dans ce secteur.
Selon M. Pelchat, l’immense réservoir aérien a été vidé de son contenu au moment de la crise du verglas à la suite d’un gel, si bien qu’il est devenu inutile.
Bien sûr, force est de reconnaître néanmoins que le château d’eau de la Osram Sylvania est un élément significatif du paysage industriel drummondvillois d’après-guerre.
Art urbain
Que ce projet précis se réalise ou non, Jean Lauzon souhaite qu’il fasse suffisamment parler pour qu’il engendre une sorte de réflexion sur l’art urbain à Drummondville.
Selon lui, il y a certes de la place pour insérer avec goût et originalité des éléments d’art populaire dans le milieu urbain drummondvillois, sans que cela nécessite d’importants déboursés et se confronte à trop de bureaucratie.
«L’idée de base serait d’encourager la réalisation sur le territoire drummondvillois de murales, de sculptures, d’installations autres à caractère ludique et/ou amusante aux yeux du commun des mortels au point même d’en intéresser les visiteurs», confie-t-il sans préciser à qui il appartiendrait de mener cette réflexion.
M. Lauzon donne en exemple Sherbrooke, Québec et quelques autres municipalités avec leurs fresques ou autres représentations géantes sur des murs.
Celui-ci pense que Drummondville pourrait en quelque sorte innover en art urbain, si ce n’est avec le bonhomme sourire sur le château d’eau de la Sylvania, avec des murales sur lesquelles ont pourrait reproduire des illusions optiques comme on en retrouve dans des formats réduits.
Déjà, reconnaît M. Lauzon, notre ville a eu droit à des trompe-l’œil sur des murs du centre-ville, peut-être serait-il temps d’ajouter d’autres éléments dits d’art urbain à notre environnement.
Dans l’optique de Jean Lauzon, Drummondville n’aurait rien à perdre d’y réfléchir car ce ne sont pas nécessairement les concepts les plus dispendieux qui sont nécessairement gages de l’appréciation populaire.