Mathieu Perreault, André Bouvet-Morrissette, Maxime Boisclair, Sean Couturier… Qu’ont en commun ces hockeyeurs professionnels? Ils ont tous vu leur condition physique s’améliorer en flèche après avoir été pris sous l’aile du Drummondvillois François Pellerin au cours des dernières années.
Âgé de 33 ans, François Pellerin a été embauché par les Voltigeurs de Drummondville en tant que préparateur physique à l’issue de la dernière campagne. Pour cet enseignant en éducation physique, cette nomination se veut l’aboutissement logique d’un travail colossal amorcé dans son sous-sol, il y a près de cinq ans.
À l’époque, Pellerin avait pris en main l’entraînement estival de ses élèves Charles-David Beaudoin et Danick Martel, deux athlètes drummondvillois qui évoluent aujourd’hui dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). De fil en aiguille, le bouche à oreille a fait en sorte que d’autres hockeyeurs de la région ont fait appel à ses services. Après avoir installé ses équipements dans son garage, qui est devenu au fil des ans une sorte de lieu sacré de l’entraînement pour plusieurs athlètes, Pellerin vient d’ouvrir un nouveau gymnase situé dans un local désaffecté de l’ancienne usine drummondvilloise Denim Swift.
Ce sont les résultats obtenus par Charles-David Beaudoin aux tests de condition physique auxquels il a été soumis lors de son premier camp d’entraînement, en 2010, qui ont d’abord attiré l’attention du directeur général des Voltigeurs, Dominic Ricard.
À seulement 16 ans, le défenseur s’est classé deuxième derrière Rémi Blanchard, un vétéran de 20 ans. L’année suivante, les attaquants Jérôme Verrier et André Bouvet-Morrissette ont obtenu des succès semblables après avoir passé l’été à s’entraîner dans le garage de François Pellerin. Des exploits qui parlaient d’eux-mêmes et qui ont pesé lourd dans la balance dans la suite des événements…
«On s’est rendu compte que l’excellente condition physique de ces joueurs n’était pas le fruit du hasard. On a décidé de faire appel aux services de François après notre élimination hâtive du printemps dernier, qui faisait en sorte que nos joueurs avaient, pour la première fois en quatre ans, un long été d’entraînement devant deux. L’arrivée de François venait aussi combler un vide dans notre personnel hockey, où un peu tout le monde s’occupait de l’entraînement physique sans que personne n’y soit réellement attitré», explique Dominic Ricard, qui estime que la condition physique impeccable de ses joueurs leur permettra d’afficher un style de jeu énergique pendant la totalité de l’éreintant calendrier de 68 matchs qui les attend cette saison.
Se décrivant comme un véritable passionné de l’entraînement et de la préparation physique, François Pellerin affirme qu’il s’est senti immédiatement accepté au sein de l’organisation drummondvilloise. Aussitôt, il s’est fixé comme objectif de faire des Rouges l’équipe la mieux préparée de la LHJMQ.
«Comme mes valeurs cadrent parfaitement avec celles des Voltigeurs, ça a cliqué tout de suite avec les entraîneurs. La première chose que j’ai dite à Mario Duhamel, c’est que je voulais être un membre à part entière de l’équipe. Je ne voulais pas que les joueurs se contentent de venir s’entraîner une fois par semaine dans mon gymnase, puis qu’ils repartent sans être encadrés», raconte-t-il.
«C’est d’ailleurs très important pour moi d’être en constante communication avec les entraîneurs, le thérapeute athlétique et les autres membres de l’équipe, poursuit Pellerin. Rien n’est laissé au hasard dans la préparation des joueurs. Ensemble, nos actions touchent l’ensemble des sphères de l’athlète. Tout ce travail ne garantit pas nécessairement le succès, mais ça nous assure d’avoir l’équipe la mieux préparée possible.»
Aux dires de François Pellerin, les joueurs des Voltigeurs ont débarqué au camp d’entraînement dans une condition physique exemplaire, le mois dernier. Alors que Bryce Milson a remporté la ceinture remise au «champion fitness» de l’équipe, Lucas Venuto s’est néanmoins vu indiquer le chemin de la sortie après avoir échoué aux tests physiques.
Une décision audacieuse de la part des dirigeants drummondvillois, d’autant plus que ce ne sont pas toutes les équipes du circuit qui soumettent leurs athlètes à ces examens.
«Nos joueurs savaient qu’on allait leur imposer des standards très élevés lors de ces tests. Ils n’ont pas eu le choix de faire leurs devoirs pendant l’été», a expliqué François Pellerin.
Dans son gymnase, le nouveau préparateur physique des Voltigeurs propose à ses athlètes des outils pour qu’ils deviennent «plus forts, plus gros et plus puissants». Deux fois par semaine, les protégés de Mario Duhamel s’y présentent en groupe de dix. Il ne s’agit toutefois que d’une partie de leur entraînement puisqu’ils sont également encadrés quotidiennement à l’aréna, avant et après les pratiques et les matchs. Parfois, François Pellerin les accompagne aussi sur la route.
«Ce nouveau local, c’est l’environnement idéal pour s’entraîner sérieusement. Ici, il n’y a pas de télé ni de miroir : tu ne peux pas te sauver! Et quand tu rentres dans l’usine, tu croises des travailleurs qui s’en vont à l’ouvrage. Tu n’as pas le choix de te mettre au travail toi aussi», laisse-t-il entendre.
«Je suis très exigeant avec les gars. Je ne me vois pas comme un tortionnaire, mais j’exige qu’ils travaillent très fort. Je n’accepte aucun laisser-aller. Ça concorde avec la philosophie des Voltigeurs, où l’éthique de travail est une valeur fondamentale», souligne François Pellerin.
Sur le mur de briques faisant face aux équipements sur lesquels ils suent corps et âme, les joueurs des Voltigeurs peuvent notamment observer les chandails de Mathieu Perreault, Maxime Boisclair, Érik Boisvert et Sean Couturier, quatre hockeyeurs professionnels ayant passé par l’école de François Pellerin. Bientôt, les gilets des anciens Voltigeurs André Bouvet-Morrissette et Evgueni Nurislamov viendront s’ajouter à cette impressionnante collection.
«Ces jerseys représentent une belle source d’inspiration pour les gars. Quand l’entraînement devient difficile pour eux, je leur suggère de jeter un œil sur le mur», relate François Pellerin.
«Je leur répète souvent que la clé du succès pour atteindre les pros, ce n’est pas le talent, mais plutôt le travail, ajoute-t-il. L’exemple parfait, c’est Sean Couturier, un joueur qui s’investit totalement dans son entraînement. C’était d’ailleurs très flatteur pour moi qu’il choisisse de venir s’entraîner à Drummondville cet été. Il a travaillé d’arrache-pied chaque fois qu’il a mis les pieds dans mon garage.»
En se basant sur son expérience acquise au fil des ans, François Pellerin juge qu’une préparation physique minutieuse permet également de renforcer le mental de l’athlète : «Quand un joueur se sent prêt physiquement, il arrive moins stressé et plus confiant à son camp d’entraînement. Chez les Voltigeurs, on a été si exigeant avec nos joueurs pendant l’été que lorsque la rondelle est tombée sur la patinoire pour la première mise au jeu, je suis convaincu qu’ils se sentaient plus prêts que leurs adversaires. Un tel état d’esprit, ça n’a pas de prix.»