Suivant une information inexacte communiquée au journal L’Express la semaine dernière, la Régie des marchés agricoles et alimentaires (RMAA) a précisé sa définition du mot «enquête» tel qu’il doit être compris officiellement.
Dans la foulée d’une conférence de presse de l’Association de défense des producteurs de bovins (ADPB), le 29 août dernier, demandant à la RMAA de faire enquête sur de présumées pratiques frauduleuses au sein de la Fédération des producteurs de bovins du Québec, L’Express, par souci de transmettre toute information concernant de près ou de loin l’abattoir Levinoff-Colbex, s’est adressé à la RMAA afin de savoir si elle allait déclencher une enquête telle que demandée.
Lors d’une entrevue téléphonique mercredi dernier, Marie-Claude Sirois, du Service des communications de la RMAA, a confirmé, par deux fois, qu’une enquête sera instituée. «La première audition pourrait possiblement avoir lieu d’ici les Fêtes, mais avant cela, la Régie devra créer une formation de trois régisseurs. Ensuite pourra être entendue la requête de l’Association contre la Fédération», a-t-elle fait savoir à ma collègue Lise Tremblay.
Cette semaine, la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ), sous la plume de Sonia Dumont, responsable des communications, diffusait un communiqué précisant que «la Régie n’a pas encore pris de décision concernant la demande d’enquête». La FPBQ est partie prenante de la RMAA.
Ouvrons une parenthèse ici pour spécifier que cette demande d’enquête suggère que la FPBQ aurait utilisé les cotisations des producteurs afin de payer le salaire du gérant de ferme pour l’entreprise agricole personnelle d’un administrateur. Le nom de cet administrateur n’est pas encore dévoilé, mais il s’agit, selon nos sources, d’un important intervenant dans les négociations qui ont mené la FPBQ à acquérir l’abattoir Levinoff-Colbex en 2006 pour le montant surévalué de 62,5 millions $.
À la Régie des marchés agricoles, Éric Andriamanjay, directeur général adjoint, a indiqué hier que l’enquête comme telle sera décidée au terme d’un processus de traitement de cette demande faite par l’Association de défense des producteurs de bovins. «Une formation sera mise sur pied, qui cherchera à valider les informations, les deux parties seront convoquées et des rencontres préparatoires se tiendront. Une décision sera prise à partir de l’ensemble du dossier, mais on ne sait pas quand», a souligné M. Andriamanjay. Il a reconnu que tout ce processus, qui pourrait bien être baptisé enquête, est plutôt une étude de dossier.
Selon lui, il est certain que l’ADPB aura alors l’occasion de faire valoir son point de vue, documents à l’appui, et que, si la malversation est fondée, une enquête suivra en bonne et due forme, menée par des régisseurs ou par des gens de l’extérieur.
L’ADPB, qui compte environ 1200 membres, a vu le jour à la suite de l’acquisition de l’abattoir Colbex par la FPBQ dans l’objectif de connaître les moindres détails de cette transaction qui, selon elle, manque toujours de transparence.
L’abattoir Leveniff-Colbex, de Saint-Cyrille-de-Wendover, a fermé ses portes en mai dernier, mettant à pied plus de 270 travailleurs.