Pour la mairesse de Saint-Edmond, Marie-Andrée Auger, tout comme pour le président du conseil de Fabrique de l’endroit, Bertrand Rivard, l’heure a sonné pour une décision dans le dossier de l’église et, par ricochet, du centre communautaire.
Ainsi, ceux-ci sont forcés de constater qu’après quatre ans de discussions, la situation n’est toujours pas réglée et qu’il est toujours aussi difficile de trouver un terrain d’entente.
«Doit-on rénover l’église et la transformer en centre communautaire ou doit-on la démolir ? La question qui semble si simple est pourtant toujours sans réponse», de déplorer Mme Auger.
Celle-ci met en perspective le fait que les membres du conseil municipal ne veulent pas assumer seuls le projet de transformer en centre communautaire multifonctionnel le grand bâtiment patrimonial qu’est l’église.
La mairesse rajoute à cet effet que les élus municipaux ne sentent surtout pas l’appui des citoyens dans ce projet.
D’autre part, selon Bertrand Rivard, les membres du conseil de Fabrique vivent un sentiment d’épuisement et se sentent bien seuls.
Ceux-ci ne sont pas sans prendre en considération une étude du Conseil du patrimoine religieux du Québec qui révèle que des 270 lieux de culte qui ont été désertés ces dernières années, 172 seulement ont trouvé un nouvel usage, échappant ainsi à la démolition.
Ils constatent également que de ce groupe de 172, seulement 46 églises ont été acquises par des municipalités à des fins culturelles, communautaires ou institutionnelles.
Au dire de Mme Auger et de M. Rivard, l’église de Saint-Edmond-de-Grantham n’échappe pas à ce phénomène.
Située au cœur du village, elle fait partie du patrimoine bâti en tant que lieu de culte, bien sûr, mais aussi en tant que bâtiment historique.
«Saint-Edmond possède très peu d’immeubles patrimoniaux reflétant les débuts de son histoire. Doit-on pour autant la conserver et à quel prix diront certains citoyens?», interrogent les deux intervenants.
«Bien sûr, il existe des programmes de financement possible tel celui d’aide à la restauration géré par le comité du patrimoine religieux du Québec, mais notre église ne s’est pas classée. Il reste le fonds du patrimoine culturel du Québec et le programme d’aide aux immobilisations du ministère de la culture. Mais au-delà des subventions possibles, la question reste la même. Restaurer ou construire un centre neuf ? De toute façon il y aura toujours des coûts, peu importe la décision», expose Mme Auger.
Le temps de décider
Pour la mairesse de Saint-Edmond, fini toutefois le temps de s’envoyer la balle, et c’est maintenant le temps de prendre une décision.
«C’est aux citoyens de Saint-Edmond de se prononcer. Un référendum coûte cher, a-t-on les moyens? S’il y a une volonté réelle des citoyens à garder leur église, la municipalité signera une entente avec la fabrique. En autre cas, la municipalité s’orientera vers le projet d’une construction d’un centre neuf ou la rénovation de la salle actuelle», fait part Marie-Andrée Auger.
Ainsi, ce dimanche le 9 septembre, à 14 heures, les membres du conseil de Fabrique invitent les citoyens à l’église de Saint-Edmond afin de se prononcer une fois pour toutes.
«Soit on se prend en main comme citoyens et nous nous responsabilisons en préservant le dernier souvenir de nos ancêtres ou soit le conseil de Fabrique se verra dans l’obligation de vendre et… advienne que pourra. C’est la seule alternative», soumet de son côté M. Rivard pour bien démontrer l’importance du moment.
Dans un communiqué commun, Andrée Auger et Bertrand Rivard rappellent qu’en 2017, Saint-Edmond-de-Grantham fêtera ses cent ans d’histoire. «Qu’aura cette municipalité à offrir? Quelle histoire racontera-elle? Celle d’un patrimoine passé dont seul le presbytère sera le témoin bâti de notre histoire ayant comme reflet "Nature et Progrès" ou le cœur d’un village resté debout et entouré de la nature et du progrès», questionnent-ils encore.
Pour bien expliquer l’importance de cette rencontre du 9 septembre, Mme Auger y va de cet appel à sa population.
«Pour ma part, j’ai toujours un pincement au cœur lorsque je vois une partie de l’histoire disparaître à tout jamais. Pouvons-nous nous donner la main et faire en sorte qu’hier et demain fasse partie de notre histoire aujourd’hui? Gens de Saint-Edmond, vous avez à cœur votre église? Embarquez dans la ronde et je serai avec vous! Vous préférez laisser la décision aux autres, alors il y a de grandes chances que ce soit un centre neuf que vous verrez apparaître. La décision se prend maintenant, à nous de choisir!», expose Marie-Andrée Auger en guise de conclusion.