Le juge Gilles Gagnon, de la Cour du Québec, chambre criminelle et pénale, rendra vendredi, sur le coup de 14 heures, sa décision dans la cause de Paula Andrea Bustos Escobar qui est accusée de ne pas avoir respecté les conditions de sa remise en liberté émises le 31 juillet 2011.
Comparaître en Cour pour bris de conditions peut sembler anodin, car très souvent les parties en viennent à une entente, mais de se rendre au procès, comme c’est arrivé hier (mardi) est chose assez rare. Le 31 juillet 2011, Mme Bustos Escobar, originaire de la Colombie, arrivée au Canada il y a quatre ans en même temps qu’elle a obtenu le statut de résidente permanente, s’en est pris à deux policiers qui avaient été appelés sur les lieux d’une altercation assez violente.
Une série de sept chefs d’accusation découlant des faits qui lui sont reprochés cette journée-là indique que Paula Andrea Bustos Escobar, mère monoparentale de quatre enfants, sans emploi depuis deux ans, aurait commis des voies de fait sur deux personnes, William Alfonso Duque Cuy et Ruth Elena Torrado Ortega, avant d’en venir aux coups avec les deux agents de la Sûreté du Québec, Jessica Girard et Jean-François Rail, dont l’un a dû être transporté à l’hôpital pour y soigner des blessures assez significatives. L’accusée aurait tenté, selon ce que L’Express a pu savoir, de saisir l’arme d’un policier. Un autre chef l’accuse d’avoir «proféré une menace de brûler, détruire ou endommager la maison et les biens de Danny Xavier Caballero».
Une fois mise sous arrêt, à la suite de l’intervention de nombreuses patrouilles de la SQ, Mme Bustos Escobar, a été conduite au palais de justice de Drummondville où elle s’est engagée, en retour de sa remise en liberté, à respecter plusieurs conditions dont celles de garder la paix et de demeurer à son domicile de la rue Norbert, entre 22 heures et 7 heures le matin.
Quelque trois semaines plus tard, le 25 août 2011, lors d’une vérification de routine, deux policiers de la SQ, Nicolas Johnson et François Alain, se rendent à la résidence de l’accusée vers 23 heures pour constater, selon ce qu’ils affirment, qu’elle n’est pas présente, contrevenant à l’une des conditions de sa remise en liberté.
Qui dit la vérité?
Le témoignage de l’agent Johnson, entendu mardi, se résume à ceci: «Nous avons cogné à la porte. Nous avons entendu du mouvement, des bruits de pas de course et des cris, mais ça ne répondait pas. Nous avons tenté de parler à des voisins et, en marchant à pied sur la rue, nous avons vu arriver une mini-fourgonnette de couleur or d’où est sortie Mme Bustos Escobar en même temps que des amis. Nous lui avons expliqué la situation, elle a collaboré et nous l’avons arrêtée».
La principale intéressée a donné en Cour une version tout à fait contradictoire de ces événements. «J’étais au lit et une de mes filles est venue me dire qu’il y avait quelqu’un à la porte et qu’elle croyait que c’était la police. J’ai appelé une amie, Milana Padilas, pour lui dire de venir, que la police était là et que j’étais inquiète. Quelques instants plus tard, je suis sortie sur le balcon avec ma fille et j’ai vu les policiers qui s’en venaient vers moi à pied», a raconté Mme Bustos Escobar.
Milana Padilas est aussi venue témoigner, corroborant essentiellement la version de son amie, mais avec quelques contradictions relevées par la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith. Mme Padilas a en effet déclaré que son amie ne lui a jamais parlé de la police au téléphone. Milana Padilas a dû admettre, questionnée par Me Smith, qu’elle était, par ailleurs, l’une des 23 personnes immigrantes accusées d’avoir fraudé l’aide sociale.
Donc, l’une des deux parties ne dit pas la vérité, sous serment, et c’est précisément là que repose tout le litige qui se présente au juge Gagnon. Celui-ci, pour être sûr d’avoir bien compris le témoignage de l’accusée parlant français avec un accent espagnol, a demandé de le réentendre au complet via un enregistrement audio.
En ce qui concerne les dossiers de voies de fait, reprochés à Paula Andrea Bustos Escobar, qui est représentée par Me Catherine Valérie Levasseur, ils seront entendus au palais de justice de Drummondville le 26 octobre.