Les circonstances étant beaucoup plus atténuantes qu’aggravantes, le juge Gilles Lafrenière a condamné cet après-midi Jessyka Gauthier à une peine d’emprisonnement de 90 jours, à être purgée de façon discontinue, et à 240 heures de travaux communautaires.
Jessyka Gauthier, 21 ans, est la conductrice de l’épisode de car surfing du 28 juillet 2009 qui avait causé la mort de Gabrielle Dionne, sur la rue Jogues, à Drummondville.
En fait, la sentence de l’accusée en est une de fin de semaine, soit du samedi 9h au dimanche 16h, pour 45 fins de semaine, en commençant le samedi 14 juillet 2012. Elle se voit de plus imposer une probation de 30 mois aux conditions obligatoires de garder la paix et avoir une bonne conduite ainsi qu’une interdiction de conduire tout véhicule pendant deux ans.
Dans son jugement d’une dizaine de pages, qu’il a lu en présence de la jeune femme, impassible dans le box des témoins, le juge Lafrenière a relaté en détail les faits qui ont conduit à la mort de Gabrielle Dionne et a considéré que les circonstances atténuantes étaient nombreuses: l’accusée a plaidé coupable; elle éprouve un important sentiment de culpabilité et a fait une tentative de suicide; elle n’a aucun antécédent judiciaire; et elle a respecté toutes ses conditions de mise en liberté au cours des trois dernières années.
Quant aux circonstances aggravantes, le juge n’en a identifié aucune: ni alcool, ni drogue, ni vitesse. Il a de plus fait remarquer que, malgré une longue recherche, le Tribunal n’a trouvé aucun cas semblable, sauf un où l’accusé, âgé de 35 ans, a été condamné à 10 mois de prison et ne s’était pas arrêté pour porter secours à la victime.
Jessyka Gauthier s’exposait à une peine maximale de 14 ans de prison. «Une peine exemplaire n’est pas requise pour satisfaire ici les objectifs de dissuasion. Le Tribunal est convaincu qu’elle ne recommencera pas. C’est un événement unique dans la vie de l’accusée qui éprouve des regrets sincères», a mentionné le juge Lafrenière.
Soulagement
Le jugement a satisfait l’avocat de la défense Me Jean-Claude Lagacé. «Ma cliente pourra continuer de travailler et reprendre sa vie en mains. Elle a été hospitalisée en psychiatrie, n’avait aucun point de démérite à son dossier et le juge a bien observé ses regrets sincères».
La mère de Jessyka, Linda Laliberté, était pour le moins soulagée de ne pas voir sa fille entrer à plein temps dans une prison. «Jessyka a perdu une amie d’enfance dans ce tragique événement. Elle s’accroche beaucoup au sport et je dirais que depuis deux ans ça va mieux. Elle sera auprès de moi et c’est le plus important», a-t-elle dit à la sortie de la salle d’audience.
Le juge Lafrenière a pris soin de noter en terminant que «le Tribunal est bien conscient de la souffrance qu’éprouvent les parents de la victime. La lettre de la mère est révélatrice de cette affliction. Quelle que soit la peine prononcée, elle ne compensera jamais la douleur ressentie par les parents. Ce n’est donc pas dans cette peine qu’ils doivent trouver le réconfort pour survivre à cette dure épreuve. Cela dit, le Tribunal souhaite ardemment qu’elle leur permette de tourner la page».