La Fondation Ruest-Courtois-Jutras, par l’entremise de ses deux coprésidents, Jacqueline Courtois et Yvon Jutras, est de plus en plus active sur le territoire de la MRC de Drummond pour consulter et sensibiliser les citoyens, les organismes et les politiciens à l’importance de l’énergie verte.
D’une façon plus particulière, la méthanisation est la technologie qui est au cœur du discours de ce couple de Notre-Dame-du-Bon-Conseil qui la voit plus que jamais comme une alternative valable à l’exploitation du gaz de schiste.
Incidemment, Mme Courtois et M. Jutras militent pour contrer l’exploitation des gaz de schiste sur le territoire centricois, tout en vantant en contrepartie les mérites de la valorisation des déchets par des technologies de transformation énergétique dont la biométhanisation, la gazification, la pyrolyse et la fermentation.
Même s’il est toujours actif sur le marché du travail à temps réduit dans une autre sphère, Yvon Jutras, un technologiste agricole en génie rural de formation, est un retraité du ministère de l’Agricultures, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), alors que son épouse a à son actif une formation de technicienne dans le contrôle de la qualité des aliments, recherche et développement.
Ce n’est pas d’hier que M. Jutras s’intéresse à ces alternatives car au début des années 1980, alors qu’il était à La Visitation, il avait fait l’annonce d’un vaste projet de quelque 200 millions $ en vue de la création d’un vaste complexe intégré en agroalimentaire dont l’une des particularités était la production d’énergie à partir des fumiers de ferme.
La conjoncture économique difficile et peut-être un aussi la méfiance face à une technologie peu connue chez nous à ce moment là ont eu raison des ambitions du jeune producteur d’alors et de ses partenaires.
Pourtant, à cette époque, Yvon Jutras avait été conquis par sa visite en Pennsylvanie alors qu’il avait pu constater de visu le fonctionnement de la Mason Dixon Farm, une ferme laitière deux fois plus grande que la plus importante de nos exploitations québécoises, laquelle atteint l’autosuffisance énergétique grâce au méthane produit avec les fumiers et qui lui permet même de vendre ses surplus à la ville de Geetyburg.
L’usine Agropur
Il est d’ailleurs de l’intention de la Fondation Ruest-Courtois-Jutras d’organiser éventuellement une mission en Pennsylvanie pour sensibiliser les élus et certains intervenants de la MRC de Drummond désireux de mieux apprivoiser cette technologie.
Mais en attendant, le couple Jutras-Courtois n’a eu qu’à regarder dans sa cour, soit à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, pour faire la démonstration que la méthanisation n’a rien de sorcier et qu’elle offre des avantages à plusieurs points de vue.
De fait, depuis 1984, la fromagerie Agropur de cette municipalité traite des eaux de lavage avec un digesteur anaérobique et produit ainsi du méthane.
En agissant ainsi, l’usine bonconseilloise évite les rejets dans la rivière Nicolet et s’assure d’une énergie d’appoint qui répond à 1% de ses besoins, une économie néanmoins de 150 000 $ pour cette méga fromagerie.
L’usine de traitement des eaux d’Agropur est maintenant devenue un modèle que la Fondation Ruest-Courtois-Jutras n’hésite pas à promouvoir, d’autant plus que ses deux coprésidents ont eu le privilège de visiter les installations en compagnie d’invités intéressés à se familiariser avec cette filière énergétique.
En février dernier, par exemple, un petit groupe d’une douzaine de personnes comprenant des producteurs agricoles, des militants s’opposant à l’exploitation du gaz de schiste, sans oublier le député fédéral de Drummond, François Choquette, et son adjoint de circonscription, Daniel Lemire, ont accepté l’invitation de Jacqueline Courtois et Yvon Jutras pour un tour du propriétaire.
Pierre Fillion, le responsable de cette usine de méthanisation, a alors offert une visite guidée des lieux, tout en livrant au fur et à mesure les explications sur ce procédé mis en application depuis près de trente ans à Bon-Conseil.
La méthanisation, a-t-on appris de la bouche d’Yvon Jutras est utilisée dans plusieurs pays d’Europe dont en Allemagne où on a choisi cette façon de faire au nucléaire.
Levinoff-Colbex
C’est lors de cette visite à laquelle prenait part l’auteur de ces lignes que M. Jutras et Mme Courtois ont ébruité que leur Fondation allait être associée à deux projets qui seront vraisemblablement réalisés sur notre territoire en 2012 et qui auront recours à l’énergie verte.
Ceux-ci ont cependant refusé d’identifier ces projets, M. Jutras se contentant de dire que l’un d’eux concernera le secteur agricole et que l’autre sera de nature différente.
C’est donc en faisant appel à Internet et à d’autres sources que L’Express se permet d’y aller de quelques hypothèses quant aux projets que fermente directement ou indirectement la Fondation Ruest-Courtois-Jutras.
Cette recherche nous a d’abord permis de mettre la main sur un projet préliminaire préparé par Yvon Jutras et Jacqueline Courtois en 2010 et qui concerne une entreprise qui fait actuellement la manchette, l’abattoir Levinoff-Colbex, qui vient de suspendre ses activités.
De fait, il est ici question de divers éléments d’un plan de relance que la Fondation a préparé à l’intention des producteurs de bovins du Québec dont le principal concerne la méthanisation des effluents de l’abattoir.
Selon le document, ce procédé permettrait à l’abattoir d’obtenir rien de moins que l’autosuffisance énergétique.
Qui plus est, il est dit dans le plan en question que ce projet de valorisation de MRS (matières à risque spécifiées) serait susceptible d’ouvrir la porte à la solution de d’autres dossiers régionaux dont ceux de la disposition des carcasses d’animaux et des plastiques d’ensilage par la valorisation, tout comme pour d’autres matériaux combustibles agricoles, municipaux et industriels.
On y affirme que ces projets mixtes seraient de nature à rentabiliser les installations de Saint-Cyrille-de-Wendover et de répartir les coûts dans des sociétés mixtes.
Reste à voir si la proposition formulée par la Fondation Ruest-Courtois-Jutras a été considérée par les dirigeants de l’abattoir ou si elle pourrait l’être par ceux et celles qui auront à décider d’une éventuelle relance de l’entreprise, si relance il y a.
Le même document de la Fondation Ruest-Courtois-Jutras en lien avec l’abattoir Levinoff-Colbex fait part d’un autre ambitieux volet destiné aux éleveurs de veaux d’embouche en raison du partenariat développé par l’abattoir avec le groupe japonais Zensho.
Il y est dit que la Fondation serait prête à parrainer un projet d’engraissement de 100 000 bouvillons par an, un projet susceptible, soumet-on, de dynamiser l’ensemble de l’économie rurale dans un rayon de 100 kilomètres autour de l’abattoir.
Toujours est-il, sans faire un lien entre ce qui précède et de récentes déclarations du député de Drummond et candidat annoncé dans Johnson dans un communiqué de presse, Yves-François Blanchet a néanmoins confirmé avoir rencontré Yvon Jutras qui, dit-il, «l’a sensibilisé à son projet de biométhanisation».
«Je réfléchis à mettre en place un projet pilote qui permettrait de convertir le lisier en gaz naturel», a fait part M. Blanchet dans ce communiqué de presse.
Toujours à l’intérieur du même envoi, celui qui sera candidat dans la nouvelle circonscription de Johnson avait également fait allusion à la biométhanisation après avoir signifié son accord à proscrire l’exploitation du gaz de schiste sur notre territoire.
«Par contre, avait exprimé M. Blanchet, le gaz naturel ne l’est pas s’il est issu d’un procédé écologique quant à son approvisionnement et son usage, notamment pour les serres. Et ça, ça peut être la biométhanisation. Ça vaut la peine d’essayer.»
Or, certaines personnes dans l’entourage d’Yvon Jutras nous ont dit l’avoir entendu parler d’un projet de serre urbaine comme il n’en existe pas encore à Drummondville, un projet qui, ont compris ces mêmes personnes, pourrait se concrétiser dès cet automne.
Bref, il y a lieu d’espérer que la Fondation Ruest-Courtois-Jutras sera en mesure de présenter les deux projets auxquels elle souhaite contribuer, à moins que les difficultés financières de l’abattoir Levinoff-Colbex n’aient déjà eu raison de l’un d’eux. L’avenir le dira!