Au cours des derniers mois, la petite chapelle du chemin Hemming s’est métamorphosée en résidence cossue. On a conservé sa solide structure de béton armé, mais tour à tour sont disparus le recouvrement, les ouvertures et le clocher surmonté d’une croix en acier inoxydable dans lequel était suspendu une cloche hautement patrimoniale.
Construite en 1968 par la Fabrique Saint-Frédéric de Drummondville, cette chapelle succédait à une première chapelle érigée 25 ans plus tôt par J.-R. Guèvremont, plus près de la rivière Saint-François. La chapelle Sainte-Thérèse représentait alors bien plus qu’un lieu de culte. C’était le centre nerveux du domaine Guèvremont qui s’étendait sur 85 hectares en grande partie ombragés. À l’ombre du clocher, s’élevaient le grand chalet familial Guèvremont et son immense parasol en acier, plusieurs chalets privés, d’autres à louer et une croix de chemin. L’endroit était très fréquenté durant la saison estivale en raison de sa belle plage et du quai pour amarrer des embarcations de toutes sortes qui sillonnaient la rivière sur plusieurs kilomètres en amont et en aval.
Pour appeler les vacanciers à la messe dominicale, monsieur Guèvremont avait hissé dans le clocher de sa chapelle une cloche reconnue, dès cette époque, comme une pièce de collection remarquable puisqu’elle avait été coulée pour le Grand Trunk Railway (GTR). Fixée à une locomotive, elle avait sonné l’entrée en gare de plusieurs convois, dont le plus célèbre fut celui formé pour l’inauguration du pont Victoria, en 1860, auquel avait participé le prince de Galles. Plus tard, la cloche du GTR passa aux mains des propriétaires des Forges McDougall de Drummondville; du sommet de l’édifice administratif, elle appela les ouvriers au travail de 1880 à 1911.
À la fin de la construction de la deuxième chapelle, on transféra en grande pompe les trésors de la première, dont la cloche patrimoniale, le chemin de la croix et l’imposante statue de Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus.
Toutes les empreintes historiques du domaine Guèvremont sont maintenant disparues à l’exception de la statue de Sainte-Thérèse. Si elle devait disparaître, il y a fort à parier que dans une décennie ou deux, nul ne pourrait identifier l’emplacement de la station de villégiature la plus courue de Drummond durant les années 1940 et 1950.