Le brise-glace, chargé de libérer le chenal de la rivière Saint-François à la fin de la période hivernale, entre-t-il en opération trop tôt? Les dépassements de coûts, récurrents, pourraient-ils être évités? Ne serait-il pas mieux pour la Ville de Drummondville de se porter acquéreur de cette machine qui pourrait aussi servir au nettoyage des berges?
Toutes ces questions sont d’actualité alors que «la grenouille», comme on appelle communément ce véhicule flottant servant à briser le couvert de glace du chenal de la rivière afin de minimiser les risques d’inondations chez les riverains, vient de compléter son travail qui, chaque année, dure une dizaine de jours.
Chaque année, plusieurs résidents, comme Ludger Lépine, affirment que le brise-glace entre trop tôt en action, au mois de février, permettant à la glace de se reformer dans les semaines suivantes. Le directeur général adjoint à la Ville de Drummondville, Steven Watkins, connaît très bien le dossier. «Depuis 1989, nous louons un brise-glace qui doit être réservé longtemps d’avance. Avec l’expérience qu’on a acquise depuis plus de 20 ans, on sait que les meilleures dates sont entre le 15 février et le 5 mars. Dans notre cas, il vaut mieux être quelques jours trop tôt plutôt que quelques jours trop tard. Il n’y a eu qu’une seule inondation depuis 1990. Aussi, on voit bien que la glace qui se reforme après le passage de la grenouille demeure toujours fragilisée et c’est elle qui cède au moindre coup».
Autre question: les dépassements de coûts. En 2009, l’estimation était de 62 000 $ mais la facture a grimpé à 129 000 $. En 2010, la somme prévue était de 64 000 $ mais le vrai prix a été de 111 000 $. En 2011, le contrat est passé de 118 000 $ à 171 000 $. Pendant ce temps, le taux horaire est passé de 330 $ à 400 $. Le coût de 2012 est à hauteur de 125 000 $ et celui de 2013 atteindra 132 000 $ à raison de 450 $ de l’heure.
Steven Watkins ne contredit pas ces chiffres mais il précise que ce ne sont pas vraiment des dépassements de coûts: «Lors de nos appels d’offres, les entrepreneurs doivent proposer un taux horaire et nous, de notre côté, nous donnons le nombre d’heures qu’il faut prévoir pour faire le travail, ce qui est toujours approximatif mais néanmoins fondé sur la moyenne des cinq dernières années. En fait, c’est une indication qui donne aux soumissionnaires une idée de l’ampleur du boulot à accomplir. Par exemple, depuis trois ans, l’on prévoyait 150 heures de travail, mais c’était toujours dépassé. À compter de cette année, on prévoit 250 heures pour briser le couvert de glace sur une longueur de 10 kilomètres. On devrait avoir une moins grosse surprise».
Soulignons ici que la firme Éco-Technologies, qui réalise les travaux, a été la seule entreprise à soumissionner au cours des dernières années. Il n’est toutefois pas impossible que Normrock Industries, de Terrebonne, effectue un retour comme soumissionnaire au prochain appel d’offres, selon ce que nous a dit Normand Grant, propriétaire de l’entreprise. Le contrat est d’une durée de trois ans.
Une subvention de 50 %
Détail non-négligeable, le ministère de la Sécurité publique subventionne la moitié de ces coûts, ce qui fait dire au directeur général adjoint que le budget prévu par la Ville pour payer ces travaux, soit un montant de 90 000 $, n’a jamais été dépassé.
«Il est très difficile de prévoir comment la glace va se comporter. Ce n’est vraiment pas une science exacte. Cette année, c’est la première fois en trois ans qu’il n’y a pas de débâcle au mois de janvier, donc le brise-glace n’a pas eu à travailler au milieu d’amoncellements de glaces. Le travail est plus long quand les morceaux de glace font 15 pieds de haut sur 50 pieds de large. Ce n’est jamais pareil d’une année à l’autre».
Quant à la possibilité que la Ville puisse acheter un brise-glace, au prix d’environ 850 000 $, au lieu de le louer, M. Watkins affirme que ce ne serait pas rentable. «On se pose la question à chaque année, mais pour seulement une dizaine de jours, on conclut toujours que ça ne vaudrait pas la dépense. Je sais que ce véhicule flottant pourrait rendre d’autres services, comme nettoyer la plage municipale, mais on le fait bien quand même».
Dernière note pertinente, la grenouille travaille aussi en bas du barrage et cela est nécessaire pour protéger la prise d’eau de l’usine de filtration. Il est arrivé une fois que la glace et les courants qui la transportent ont brisé cette prise d’eau faite de métal et de plastique.