Le Collège Ellis accueille depuis lundi 21 étudiants issus des communautés cries du Québec qui, au cours de la prochaine année, résideront à Drummondville afin de compléter leur Attestation d’études collégiales (AEC) en techniques policières.
Autorisé par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) à offrir cette AEC relativement aux besoins de formation des communautés autochtones dans le domaine des techniques policières, le Collège Ellis a tout mis en œuvre, y compris l’aménagement de résidences, pour faire de cette première expérience une réussite.
« Nous tenons à ce que ces étudiants puissent, au terme de leur formation chez nous, être admis à l’École nationale de police du Québec. Ils profiteront d’un encadrement scolaire et social particulier favorisant leur intégration et leur réussite. Ils suivront un entraînement physique rigoureux. Un kinésiologue leur est d’ailleurs attitré », a souligné le directeur général du Collège Ellis, Jean-Paul Aumais.
La direction de l’établissement de la rue Marchand a expliqué, en conférence de presse, lundi, qu’elle a développé une approche adaptée à leur réalité, aux besoins et à la culture des étudiants de la communauté crie. Ainsi, la formation d’une durée de 900 heures est étalée sur un an. Le calendrier scolaire prévoit des pauses de quelques jours afin de leur permettre d’accomplir des activités dans leurs communautés. En outre, la formation sera dispensée par des policiers actifs professionnellement et possédant la connaissance de la population crie ou l’expérience de travail en milieux autochtones. Les 21 étudiants cris admis au collège, dont une demi-douzaine sont des femmes, sont âgés de 20 à 37 ans et proviennent notamment de Waswanipi, Nemaska, Mistissini, Oujé-Bougoumou, Chisasibi, et Waskaganish.
« Ce ne sera pas facile pour eux », admet Reggie Bobbish, directeur du Service de police (Eeyou-Eenou Police Force). « Ils seront loin de leur communauté durant un an et quelque six autres mois à l’École de police avant de pouvoir retourner chez eux. Mais, nous allons tout faire pour bien les encadrer, les assister, et les encourager à atteindre leur but. La communauté crie, qui comprend quelque 80 policiers à l’heure actuelle, a des besoins à combler. Une fois leurs études complétées, ils auront le même statut que les policiers de la Sûreté du Québec », a-t-il fait valoir.
Pour Ronnie Ottereyes, président de la Commission de police, ces étudiants font de gros sacrifices en venant étudier à Drummondville. « Plusieurs d’entre eux ont des responsabilités envers leurs famille, certains ont même des enfants, mais ils ne le regretteront pas car ils ont tous une promesse d’embauche à titre de policier-patrouilleur lorsqu’ils retourneront dans leur communauté. Ils auront un travail et un bon salaire. Après tout, 18 mois c’est vite passé. Je m’attends aussi à ce qu’ils servent de modèles aux plus jeunes qui seront sans doute tentés de suivre leurs pas », a-t-il souhaité.
Ce programme de niveau collégial permet à des non-détenteurs du DEC en techniques policières d’acquérir les compétences retenues comme essentielles à la réussite du programme de formation initiale en patrouille gendarmerie de l’École nationale de police du Québec (ENPQ).
L’AEC en techniques policières est provinciale. Le même programme est dispensé dans d’autres institutions collégiales du Québec. Les conditions d’admission sont régies par une entente entre le ministère de la Sécurité publique et le MELS. Les candidats à ce programme doivent détenir une promesse d’embauche d’un service de police.
M. Aumais a ajouté que l’approche pédagogique, développée par le Collège Ellis pour son DEC en techniques policières, teintera la formation menant à l’Attestation d’études collégiales. Le code de discipline et de déontologie basé sur celui des grandes organisations policières sera appliqué pour les étudiants à l’AEC, les étudiants cris porteront l’uniforme comme tous les étudiants en techniques policières du collège. Une structure paramilitaire comprenant des étudiants officiers encadrera le programme.