À l’instar de plusieurs autres familles du Centre-du-Québec, Pierre Hébert et son épouse Johanne Therrien, couple propriétaire d’une ressource intermédiaire à Sainte-Élisabeth-de-Warwick, ont pris part, le samedi 21 janvier, à la manifestation ayant amené sur la colline parlementaire plusieurs membres du Regroupement des ressources résidentielles adultes.
M. Hébert et Mme Therrien affirment que malgré une température hivernale, ce sont plusieurs centaines de ressources non institutionnelles qui ont répondu à l’appel dans le but de se faire entendre.
De fait, ces familles d’accueil et ressources intermédaires souhaitaient par cette manifestation faire avancer les négociations qui perdurent avec le gouvernement depuis plus de deux ans pour l’adoption d’une première convention collective.
À cet égard, M. Hébert rappelle que les membres du regroupement des ressources résidentielles adultes du Québec (RESSAQ-CSD) ont rejeté à plus de 97% les offres du gouvernement non seulement pour le cadre financier, mais également la grille de classification des services.
Cette grille, déplore l’esx-président du RESSAC MCQ, a été imposée par le gouvernement et le pire, selon lui, c’est qu’elle apparaît «non négociable».
«Au-delà des chiffres et du monétaire, cette nouvelle grille vient déshumaniser les soins de santé de base à une clientèle des plus démunies. Il est permis de se demander encore pourquoi le ministère de la Santé et des Services sociaux n’intègre pas la grille déjà en place (obligatoire) dans tous les établissements publics du Québec, soit le Système de mesures de l’autonomie fonctionnelle ((SMAF)», questionne Pierre Hébert dans un communiqué de presse émis dans les heures suivant cette manifestation.
Celui-ci rappelle du même souffle que cette grille a été développée par le doyen de la faculté de médecine de l’université de Sherbrooke, Réjean Hébert, et par les gens de son équipe.
Pierre Hébert va même jusqu’à dire que si le gouvernement impose sa nouvelle grille, il a non seulement peur pour l’avenir de sa propre ressource et des nombreuses ressources intermédiaires du Québec, mais surtout peur pour la clientèle qui y est hébergée.
«Cette clientèle fortement hypothéquée mentalement et physiquement va se retrouver dans des ressources n’ayant pas les capacités nécessaires pour les recevoir. Ou pire encore, elles devront vivre une deuxième migration massive, cette fois vers les CHSLD?», craint-il.
L’épouse de M. Hébert, Johanne Therrien, partage cet avis et se dit inquiète pour le futur des quatre clientes qu’ils hébergent.
«La nouvelle grille ne reconnait plus la formation que j’ai comme infirmière diplômée et notre clientèle devra être relocalisé dans un CHSLD. Ce changement risque d’emporter deux de nos quatre clientes», illustre-elle quant aux conséquences de cette grille.
Le couple prétend donc que le gouvernement fait fausse route avec ses offres actuelles et qu’il provoquera la disparition des ressources intermédiaires qui seront incapables de supporter une baisse salariale de près de 50%?
Ces derniers tiennent à ajouter quelques chiffres à ce débat en indiquant que ces mêmes clientes, avant la désinstitutionnalisation de l’hôpital Saint-Ferdinand, coûtaient en moyenne 115 000$/année, alors que dans une ressource intermédiaire actuellement, il n’en coûte que 35 700$.
En ce qui a trait à un retour en institution (CHSLD), ceux-ci estiment qu’il coûterait plus de 78 000 $.
«Malheureusement, au-delà des chiffres, personne ne parle au nom de la clientèle qui pour plupart est à la merci de décisions par des tiers et d’un carcan administratif», déplore le couple Hébert Therrien.
«Ce que propose le gouvernement est totalement inacceptable et même dangereux. La clientèle présentement en ressources intermédiaires et les personnes plus lourdement hypothéquées seraient incapables de supporter un déracinement de leurs milieux «familiaux» et ceci ajouterait un stress supplémentaire sur le réseau des CHSLD, en prenant la place aux gens nécessitant plus de soins ? Il faut que la population sache ce que représente l’apport important de notre réseau d’hébergement, non seulement pour l’économie de notre province, mais surtout sur le plan social et humain!», expriment Pierre Hébert et Johanne Therrien en espérant informer la population sur l’enjeu des négociations en cours avec le gouvernement.