Atteinte d’une maladie dégénérative, Stéphanie Martin redécouvre le vrai sens du mot «liberté»

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Par Lise Tremblay
Atteinte d’une maladie dégénérative, Stéphanie Martin redécouvre le vrai sens du mot «liberté»

L’histoire de la Drummondvilloise Stéphanie Martin pourrait certainement être portée au grand écran. Âgée de 36 ans et atteinte depuis plusieurs années d’une maladie dégénérative appelée ataxie de Friederich, cette femme qui respire la joie de vivre repousse, jour après jour, ses limites afin de maintenir son fauteuil roulant le plus loin d’elle. Le plus longtemps possible.

Depuis qu’elle vit avec Hectare, un magnifique chien Mira de race Labernois, Stéphanie Martin a redécouvert le vrai sens du mot «liberté». Elle qui devait absolument être accompagnée d’une personne lors de ses sorties, parce qu’il fallait qu’elle se déplace à l’aide d’un déambulateur spécialisé relativement encombrant, a élargi ses horizons au point où elle prend l’autobus, le train et même l’avion en compagnie de son fidèle compagnon.

Il faut dire que l’entrée en scène d’Hectare a permis à la courageuse femme d’entamer un programme de mise en forme, ce qui l’aide à dompter la fougue de sa maladie.

«Hectare a changé ma vie. Je fais tout avec lui. Il m’aide à garder mon équilibre et lorsque je tombe, je suis capable de me relever en m’appuyant sur son dos. Il a d’ailleurs été dressé pour m’apporter son harnais et même mes clefs», exprime Mme Martin, qui a d’ailleurs insisté pour aller à la rencontre de l’auteure ses lignes en autobus, un gros sac à dos sur ses épaules.

«Il faut que je travaille mes jambes tous les jours», laisse-t-elle tomber en ignorant totalement le regard compatissant que son commentaire a suscité.

De toute évidence, la femme ne s’apitoie pas sur son sort et conjugue quotidiennement le verbe «vivre».

«Hectare me permet depuis deux ans de faire beaucoup d’activités et d’être plus autonome. J’ai notamment fait du ski de fond (Club de ski de fond Saint-François) à ses côtés. Puis, en solo, j’ai suivi des cours de spinning chez Énergie Cardio, ce qui m’a aidée, en septembre 2010, à participer à la Randonnée les yeux du cœur, qui visait à recueillir de l’argent pour la Fondation Mira. J’ai parcouru 100 kilomètres avec mon vélo à trois roues. Cela a été une grande fierté et depuis ce jour, il n’y a plus rien à mon épreuve», partage-t-elle.

Bien que fragile, la forme physique qu’elle s’est offerte lui a aussi permis cette année de prendre le large.

«J’ai toujours rêvé de voyager et j’ai décidé de le faire cette année puisque j’en avais la capacité et que je ne connais pas l’avenir», poursuit-elle.

Désirant joindre l’utile à l’agréable, Stéphanie Martin, qui a complété un certificat en psychologie à la Télé-Université et quelques cours en langue anglaise, a découvert un peu par hasard l’existence du programme gouvernemental Odyssée, qui permet à des étudiants de travailler dans une province anglophone et de faire la promotion de la langue française auprès d’enfants du primaire et du secondaire.

«J’ai donc vécu en Saskatchewan seule avec mon chien de septembre 2010 à juin 2011. J’ai adoré mon expérience et même si on m’a offert l’opportunité de demeurer à cet endroit une autre année, j’ai décidé d’explorer de nouvelles contrées», raconte-t-elle, généreuse.

C’est que durant son passage à Saskatchewan, la trentenaire a développé une réelle passion pour l’Irlande, un pays d’Europe de l’Ouest.

«En consultant le site Voyage Campus, j’ai appris que des étudiants pouvaient s’inscrire à un programme appelé "SWAP-vacances-travail". Parmi les destinations affichées, il y avait l’Irlande et j’ai tout de suite eu la conviction qu’il fallait que j’y aille», raconte-t-elle.

Après avoir obtenu le feu vert pour découvrir le pays de ses rêves et régler tous les détails administratifs pour elle et son chien d’assistance, Stéphanie Martin a posé le pied sur le sol irlandais la première fois, en juin 2011.

«Un emploi dans un café m’attendait dans la ville de Knightstown située sur l’Île de Valentia, mais l’expérience ne s’est pas bien déroulée», avoue-t-elle.

Si son parcours semblait jusqu’ici brodé de fils dorés, la réalité est que la femme a vécu son lot de difficultés. En quelques semaines, elle a perdu son emploi et s’est retrouvée démunie dans un pays où elle ne pouvait que compter sur elle-même. À quelques occasions aussi, on lui a fait savoir que son chien n’était pas désiré. D’ailleurs, à son arrivée en Irlande, les autorités ont souhaité que le précieux animal soit placé en quarantaine pour éviter toute propagation de maladies. Par chance, un vétérinaire a évité le pire en confirmant rapidement la bonne santé d’Hectare.

«Cela m’a découragée de perdre mon emploi, mais j’ai rapidement pris la décision de me rendre à Dublin. Étant donné qu’il s’agit d’une grande ville, j’avais bon espoir de me trouver rapidement un emploi et une chambre», explique-t-elle.

Encore là, la partie ne s’est pas avérée simple. Il n’est pas évident de convaincre un employeur qu’une femme atteinte d’une maladie – et venue d’un lointain pays – est en mesure de travailler efficacement avec un chien.

«Je continue de me battre. J’ai la sensation que j’ai quelque chose à réaliser là-bas. Mon but est de travailler dans la bibliothèque de l’université (Trinity College University). D’ici à ce que je réussisse à convaincre les responsables, je vais poursuivre mes études. Au début du mois, j’ai fait une demande à l’institution pour compléter une maîtrise en écriture créative. C’est que je veux devenir écrivaine», confie-t-elle, débordante d’enthousiasme.

À moins d’un imprévu, Stéphanie Martin retournera en Irlande le 6 janvier prochain, et ce, après avoir passé le temps des Fêtes avec sa mère et sa sœur, qui elle aussi combat l’ataxie de Friederich avec un chien d’assistance.

«Si j’ai eu envie de raconter mon histoire, c’est parce que j’ai appris que la Fondation Mira recherche activement des familles d’accueil pour ses chiens. Cet organisme change la vie des gens aveugles et handicapés et je pense qu’il est important de le soutenir. Les gens doivent savoir que ces animaux contribuent réellement à notre bien-être», termine-t-elle.

Pour obtenir plus d’informations sur la Fondation Mira, il suffit de se rendre à l’adresse http://www.mira.ca/fr/

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