De nombreux signaleurs routiers de partout au Québec se disent victimes de violence physique et verbale et affirment se faire parfois tamponner par des véhicules. Ceux-ci exigent l’intervention du gouvernement afin de rendre plus sécuritaire leur métier qui s’avère parfois mortel. Pour faire entendre leur message, une trentaine d’entre eux se sont réunis devant les bureaux du ministère des Transports (MTQ), à Montréal, dimanche dernier, pour demander l’imposition de lois plus sévères pour les automobilistes délinquants. Rappelons que trois signaleurs sont décédés des suites d’une collision au cours des 18 derniers mois.
Suivant l’idée qu’il ne faut pas tirer sur le messager, certains automobilistes gagneraient à se rappeler que les signaleurs routiers ne sont pas là pour leur nuire ou leur «bloquer le chemin», mais bien pour assurer la sécurité et la fluidité de la circulation automobile aux abords des zones où des travaux routiers se déroulent. Certains conducteurs agressifs n’hésitent pas à insulter ou à menacer les signaleurs, voire à les agresser physiquement. De tels cas ont été répertoriés dans la région.
«Le métier de signaleur n’est pas rose, insiste d’emblée Jean-François Dionne, lui-même signaleur et responsable de la page Facebook «Signaleurs et signaleuses du Québec», qui vise à sensibiliser la population à leur cause. Beaucoup d’entre eux ont formulé des plaintes aux services policiers pour différentes formes de menaces ou d’agressions qui se déroulent régulièrement. L’impatience des conducteurs et le manque de courtoisie sont souvent au cœur de ces problèmes.»
Il semble qu’on entend de plus en plus parler de ces cas particuliers qui font certainement partie de la même famille que les tristement populaires cas de rage au volant.
«Il y a beaucoup plus de véhicules sur les routes qu’il y a 20 ans, fait remarquer quant à lui Shawn Durocher, coordonnateur des signaleurs pour le Groupe Signalisation Drummond. Les conditions de travail des signaleurs routiers ne sont pas évidentes non plus. Il arrive qu’ils doivent se tenir le long d’une route pendant 12, 13 ou 14 heures d’affilée, le plus souvent, sans prendre de pauses. Il n’y a souvent pas de toilettes aux alentours et, sur l’heure du lunch, ils doivent manger debout, en continuant leur travail. Ce n’est vraiment pas un métier évident.»
Pour André Gagnon, un signaleur qui travaille principalement dans la région de Varennes (route 138) et de Sorel, une présence policière plus accrue serait requise aux abords des chantiers de construction.
«Nous travaillons selon des règles strictes, souligne-t-il. Les rôles peuvent varier : certains sont affectés aux abords des chantiers alors que d’autres ont le mandat de dégager les congestions sur la route. Personnellement, il ne m’est jamais rien arrivé durant mes heures de travail.»
Même en région
Deux jours avant d’écrire ces lignes, le poste de Drummond de la Sûreté du Québec recevait deux nouvelles plaintes déposées par des signaleurs oeuvrant sur le territoire de Saint-Germain-de-Grantham.
«Il s’agirait de deux cas distincts, a indiqué Hugo Fournier, porte-parole de la Sûreté du Québec. L’un d’eux aurait été «accroché» par un véhicule (agression armée) et le conducteur aurait pris la fuite (délit de fuite). Ce dossier suit son cours.»
Jean-François Dionne affirme quant à lui avoir entendu parler de signaleurs ayant été menacés par des individus brandissant une arme à feu, et ce, à Drummondville ainsi qu’à Gatineau.
«Sur la Rive-Sud de Montréal, une signaleuse a reçu des coups de pied dans le ventre. C’est l’impatience des conducteurs qui conduit à ce genre de situations extrêmes. Nous sommes tous des pères et des mères de famille et nous aimons notre métier, mais nous ne pouvons pas continuer à travailler dans des conditions qui mettent nos vies en danger», partage-t-il.
Afin d’améliorer les conditions de sécurité sur les chantiers, Steven Jenkins, de Signalisation SRQ, a lancé, en septembre, une pétition en ligne adressée au ministère des Transports du Québec.
Ce document, qui cumule quelque 400 noms jusqu’à maintenant, sera remis au député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, le 25 novembre, pour ensuite être présenté à l’Assemblée nationale.
Parmi les mesures de sécurité exigées, l’implantation d’une signalisation lumineuse claire autant de jour que de nuit est particulièrement importante, selon les protestataires qui se sont rendus à Montréal.
«Lorsque nous travaillons sur des chantiers en campagne la nuit et qu’il n’y aucune lumière, nous sommes presque invisibles pour les automobilistes, ce qui est extrêmement dangereux», font-ils savoir.
Finalement, les signaleurs souhaitent être équipés de véhicules munis de gyrophares et travailler en duo plutôt que seul.