Drummondville a de la misère avec la francisation de ses immigrants.
Ceux qui sont arrivés depuis le printemps dernier ont dû subir une attente de six mois avant de pouvoir suivre un cours de francisation, les laissant à eux-mêmes et les incitant à dénoncer cette situation auprès de la machine politique. La Ville de Drummondville a réagi en adoptant une résolution demandant au ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles de «moduler ses critères de francisation en fonction des besoins et de la réalité d’une cité régionale et de permettre le début des cours de francisation sans délai dès l’arrivée des personnes immigrantes».
«Nous trouvons cette situation déplorable», a commenté le conseiller municipal Yves Grondin qui suit le dossier de près. «Les immigrants qui arrivent chez nous s’attendent à se faire aider pour apprendre le français, ce qu’ont leur promet d’ailleurs dès qu’ils mettent les pieds en sol québécois. Il est évident que la francisation est la clé de la réussite pour eux et pour nous. Au lieu de ça, ils demeurent dans l’attente et ils sont les premiers à s’en plaindre».
Au Regroupement interculturel de Drummondville (RID), un organisme œuvrant dans le milieu de l’immigration dont les mandats sont l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants, la problématique est vécue sur le terrain.
«La grande majorité de ces immigrants, surtout des Colombiens, ont une formation académique et ils ont hâte de travailler. Ils ne sont pas venus ici pour se placer sur l’aide sociale. C’est pourtant ce qui leur arrive quand on met des mois et des mois avant de leur donner des cours de francisation», fait observer le directeur général de l’organisme, Darryl Barnabo, qui tient à dire que le RID n’est pas l’instigateur de ce mécontentement.
Selon lui, des problèmes importants découlent de cette situation. «Ce qui se passe, c’est que les parents demeurent à la maison, à rien faire toute la journée. Leurs enfants vont à l’école et apprennent beaucoup plus vite à parler français. Mais ces parents oisifs ne peuvent les aider dans leurs devoirs et deviennent frustrés pour ne pas dire déprimés. Sans travail, ils doivent pour survivre piger dans leur petite réserve qui s’amenuise», a expliqué M. Barnabo.
Pour les immigrants qui sont arrivés en avril dernier, des cours de francisation ont commencé le 2 novembre. «Durant cette longue période d’attente, quelques-uns ont choisi de déménager à Montréal où le volume justifie le début de cours réguliers. Ici, le cégep et la Commission scolaire des Chênes, mandatés pour donner ces cours, attendent d’avoir un nombre suffisant de personnes immigrantes pour donner ces cours. Nous avons ainsi perdu un couple d’ingénieurs mécanique qui a quitté Drummondville et il n’est évidemment pas certain qu’ils vont revenir s’établir chez nous. Ces gens, après tout, ont de quoi faire tourner l’économie. Ils achètent une voiture, vont à l’épicerie, s’habillent et ont des projets qui font l’affaire des commerçants», précise le porte-parole du RID.
M. Barnabo annonce qu’une rencontre est prévue le 22 novembre avec des représentants du ministère afin qu’il soit au courant de cette problématique. «Drummondville n’est pas la seule région à vivre ce problème. Mais ce qu’il faut, c’est d’éviter cela afin de donner un service adéquat aux immigrants pour qu’ils deviennent autonomes le plus rapidement possible. Avec des bénévoles, des enseignants à la retraite, il existe un service de pré-francisation, qui se donne à Victoriaville. Emploi-Québec alloue un petit montant pour les frais, mais ce n’est pas suffisant. Ici, nous n’avons pas le financement pour ça».