Le phénomène des silencieux modifiés sur les automobiles et les scooters, bruyants et polluants, vous énerve? Vous croyez qu’il serait temps de s’attaquer à cette problématique et de modifier la règlementation?
C’est ce que croient deux pères de famille drummondvillois, Marc Boisvert, camionneur de son métier, et Alain Cossette, préposé au service aux clients à la Société des alcools du Québec (SAQ), qui sont passés à l’action en s’installant au carrefour des rues Daniel, Mercure et Ste-Pauline, à Drummondville, où, durant cinq jours, à raison de 30 minutes par jour, ils ont analysé le phénomène.
Leur méthodologie, qui, l’admettent-ils, tient moins de la rigueur scientifique que du simple bon sens, les a conduit à des constats assez troublants. Les systèmes d’échappement modifiés, causant, comme on le sait déjà, une pollution d’air et de son, ont aussi pour effet de rendre plus téméraire et plus agressive la conduite des jeunes conducteurs de scooters. «Ils tordent la manette des gaz à deux ou même trois reprises dans l’espoir de voir leur scooter avancer plus rapidement. Ils adoptent une position de conduite plus profilée toujours dans l’espoir d’aller plus vite. Quand ils font leur arrêt obligatoire, c’est rapide, l’arrêt ne durant qu’une fraction de seconde», ont-ils observé.
Dans ses remarques personnelles, M. Cossette s’interroge : «Représentent-ils un risque accru? Oui. Représenteront-ils un risque accru lorsqu’ils seront au volant d’un véhicule automobile? Oui si leur attitude et leur façon de conduire ne changent pas. En fait, c’est là que commencent les mauvaises habitudes, l’insouciance et cette illusion d’invincibilité, qui sont souvent à l’origine d’accidents mortels».
Ils ont aussi noté que : «Généralement, le jeune conducteur seul au volant de son véhicule est plus respectueux de l’arrêt obligatoire. En gang, le jeune conducteur l’est moins et démontre une conduite plus téméraire. Dans certains cas, on peut la qualifier de dangereuse. De plus, lorsque plusieurs véhicules conduits par des jeunes conducteurs se suivent, peu importe le genre de véhicules, leur conduite est aussi plus téméraire. Les jeunes filles sont plus respectueuses de l’arrêt obligatoire».
Autre constat : «Lorsque la météo est pluvieuse, l’intersection se transforme en piste d’accélération pour les jeunes en manque de sensation forte. Logiquement, s’ils le font à cette intersection, ils doivent le faire ailleurs. Le bruit ainsi généré est énorme et le danger d’une perte de contrôle est réel».
Ils précisent que, pour générer le son recherché, le propriétaire d’un véhicule doit souvent désactiver en tout ou en partie le système anti pollution. «Ces véhicules deviennent automatiquement plus polluants et ne respectent pas les normes en vigueur au Québec».
Selon M. Cossette, les adultes utilisant des véhicules équipés de système d’échappement des gaz modifiés devant les jeunes conducteurs donnent un très mauvais exemple à ces derniers. «Comme les jeunes disent, si les vieux peuvent le faire, pourquoi pas nous ? Ils ont raison et n’hésitent aucunement à modifier leur propre comportement. Nous permettons ainsi la création de situations excitantes pour les jeunes conducteurs».
Leurs conclusions? «Il faut réaliser que la situation actuelle est hors de contrôle et qu’il faudra un bon coup de barre pour la redresser. La toute première responsabilité revient à la SAAQ qui néglige de modifier la règlementation. Nous suggérons une nouvelle grille d’amende. Les municipalités doivent adopter une politique de tolérance zéro».
Chez les policiers, ils disent qu’ils ont les moyens d’intervenir lorsqu’un véhicule n’est pas règlementaire. «Il existe des constats d’infractions en vertu de la présente règlementation. Si l’on souhaite qu’elle soit plus sévère, il faut faire pression sur les villes ou sur les députés. Nous n’avons pas connaissance qu’il y ait une problématique particulière à ce niveau dans Drummond», a fait savoir Louis-Philippe Ruel, de la SQ.