Le temps plus clément de l’hiver, les fortes précipitations printanières, la présence d’arbres matures et les nouvelles normes concernant les pesticides contribuent à la multiplication des colonies de fourmis charpentières, selon Nathaniel Leavey, expert en entomologie et directeur de la succursale Les Entreprises Maheu, gestion parasitaire.
Ayant été appelé à intervenir dans la maison de Julia, M. Leavey indique que le problème des fourmis charpentières, une espèce particulière de fourmis pouvant mesurer de 6 à 25 millimètres, demeure persistant à Drummondville.
«Plusieurs raisons expliquent cela. D’abord, il est rare maintenant que le mercure descende jusqu’à -40 degré Celcius l’hiver. Cela contribuait à faire un ménage dans la nature et… dans les populations de fourmis. En plus, il pleut beaucoup au printemps et les fourmis aiment l’humidité», met-il en contexte.
Chaque année, à Drummondville, son équipe et lui sont appelés à intervenir dans plus de 100 résidences infestées par ces indésirables, alors que plusieurs autres, environ 400, nécessitent un traitement préventif.
«Souvent, le problème ne vient pas de la maison, mais de l’extérieur. Dans le cas de Julia, la source d’infestation provenait du gros pin de sa voisine, lequel constitue d’ailleurs toujours un risque pour le voisinage. Le "quartier général" des fourmis est situé dans ce vieil arbre et la maison de Julia servait de "nid satellite". Tant que le nid principal ne sera pas détruit, il est toujours possible que les fourmis reviennent dans sa maison – ou dans celles de ses voisins – d’ici quelques années», explique-t-il.
Styromousse
Étonnamment, les maisons situées dans les quartiers plus âgés ne sont pas les seules à risque. Il n’est pas rare que des experts en gestion parasitaire sont appelés dans des quartiers flambant neufs.
«Quand on construit de nouvelles propriétés, des arbres sont coupés, ce qui oblige les fourmis à déplacer leur nid. Parfois, elles choisissent l’intérieur de la maison et je remarque qu’elles aiment bien aussi le styromousse. Apposé sur une fondation fraîche, le "styro" devient humide, ce qui contribue à la formation de moisissures. Les fourmis vont donc les manger et gruger le styromousse comme si c’était du bois», explique l’expert en entomologie, en déplorant le fait que plusieurs entrepreneurs ont le réflexe d’enterrer les arbres coupées dans la cour des maisons en construction, ce qui plait intensément aux fourmis.
Malgré la résistance de ces fourmis et leur étonnante capacité à travailler en équipe, Nathaniel Leavey informe qu’il est possible de contrôler leur présence.
«Il ne faut absolument pas laisser les fourmis prendre l’habitude de rentrer dans sa maison, car à un moment donné, une reine va s’y établir. La première chose à faire, c’est de trouver la source; ensuite, de contrôler leur présence à l’extérieur, car le problème débute toujours là», explique-t-il.
Point important, M. Leavey invite les gens, qui suspectent la présence de fourmis charpentières dans leur domicile, de bien évaluer la situation avant de déclarer une guerre.
«Particulièrement cet été, nous avons un problème très important avec les fourmis (charpentières et autres) parce qu’il y a eu beaucoup de précipitations au mois de mai. Je suggère donc aux gens de faire un traitement à l’extérieur et, si ça ne marche pas, d’en faire un deuxième et même un troisième avec un intervalle de trois semaines. Après cela, si les fourmis sont toujours présentes à l’intérieur, il faut peut-être envisager la possibilité qu’un nid y soit construit. Il faut alors agir», conclut-il.
Les fourmis charpentières : quelques informations
– Elles se nourrissent de matières végétales et animales.
– À l’extérieur, elles apprécient les troncs d’arbres morts et les souches. Elles affectionnent les essences de bois mou, comme le pin.
– À l’intérieur, elles peuvent forer des galeries dans les boiseries, escaliers, appuis de fenêtres et infester les greniers ou les portes creuses.
– En cas d’infestation, les fourmis peuvent produire des accumulations de sciures sous les boiseries en expulsant leurs résidus de forage hors de leurs galeries.
– Les colonies activent produisent un bruissement caractéristiques. Ce son est plus facile à entendre la nuit parce que les fourmis sont plus actives.