Auteur : Pierre Lauzière
Félix Lauzière et Marie-Anne Lépine sont nés à Saint-François-du-Lac, situé à l’embouchure de la rivière Saint-François sur le fleuve Saint-Laurent. Ils célébrèrent leur mariage en 1912 dans ce même village, tout comme depuis 1698 les 5 générations de la famille Lauzière.
En amont de leur village natal, sur la Saint-François, une ville fondée depuis 1815 par le major-général Heriot est sur le point de prendre une expansion économique et territoriale hors du commun. Cet emplacement se nomme Drummondville et son petit centre-ville se colle sur la rivière, au pied de ses rapides. C’est dans les années 1910 et 1920 avec la construction d’un barrage hydro-électrique et de plusieurs usines pour supporter l’effort de guerre que cette ville prendra un essor foudroyant.
Qui dit usines dit travailleurs et qui dit travailleurs dit maisons. Félix, ayant adopté le métier de menuisier comme son père Joseph, décide d’emménager dans ce nouvel eldorado. C’est son père qui fabriquera les portes et les fenêtres de sa première maison, en «asbestos» sur le chemin du golf à l’ouest de la ville. Les premiers enfants verront le jour dans les années 1915.
La petite ville de Drummond prend de l’expansion et nous voyons apparaître plusieurs villages ou quartier autour du centre-ville. Félix se concentre sur l’ouest de la ville et le chemin du golf. Il y construira plusieurs maisons et habitations à logements. Il y mettra tellement d’effort que le village finira par porter son nom, soit le village Saint-Félix. C’est un quartier soigneusement planté d’arbres, bordé par la rivière Saint-François et sillonné par la petite rivière Noire. En 1938, ce village changera de nom pour celui de Drummondville-Ouest afin d’éviter toute confusion avec la municipalité de Saint-Félix de Kingsey.
La bosse des affaires n’étant pas donnée à tout le monde, Félix se retirera assez tôt de son métier d’entrepreneur afin de prendre seulement quelques contrats à la pige. La petite famille de Félix et de Marie-Anne avait déjà atteint le nombre de 9 enfants, dont 3 malheureusement décédés en bas âge. Tous les enfants ont travaillé plusieurs années à Drummondville. Marcel et Rita ont fait carrière chez Bell Canada, respectivement en tant que technicien et préposée au service commercial tandis que Paul et Robert s’activaient l’un dans la vente d’électroménager et l’autre dans le domaine de la mercerie pour homme. Maurice fût peintre en bâtiments et Thérèse travailla toute sa vie dans une usine de fabrication de boîte en carton.
Ce bout d’histoire illustre la vie d’un bon nombre de familles qui ont construit cette ville modèle du Québec. Drummondville s’est d’abord bâtie, en 1815, grâce aux soldats de l’armée anglaise démobilisés à la fin de la guerre contre les américains et aux européens qui fuyaient le chaos suite aux guerres napoléoniennes.