Le Centre-du-Québec n’échappe pas à la crise porcine qui accule à la faillite de nombreuses fermes. « On n’arrive plus, on est pris à la gorge », clame le Syndicat des producteurs de porcs dont trois représentants sont venus rencontrer, mardi, le député Yves-François Blanchet à son bureau de Drummondville.
«La Financière agricole applique, par le biais du Programme d’assurance-stabilisation, des mesures de resserrement qui ne tiennent pas compte de la réalité sur le terrain et cela a pour effet de faire disparaître nos fermes une après l’autre», a dénoncé à L’Express Yvan Fréchette, vice-président du Syndicat des producteurs de porcs du Centre-du-Québec.
Selon lui, les mesures de resserrement appliquées en 2009 ont déjà un impact désastreux à la ferme. Il cite l’exemple du nombre de dossiers en processus de médiation avec les banques, qui est passé de 8, à 28, à 44 entre 2008 et 2010. « Seulement depuis le début de 2011, nous en comptons 24. Parallèlement à ça, le pourcentage de producteurs indépendants ou entreprises familiales est passé de 55 % à 51%. À ce rythme-là, la région du Centre-du-Québec, qui compte 250 fermes et produit 910 000 porcs, verra disparaître avant longtemps tout un pan de son économie car de nombreux partenaires directs et indirects dépendent de cette industrie, principalement en milieu rural », a expliqué M. Fréchette, qui était accompagné de deux autres représentants syndicaux, Gary Desmarais et Pascal Roy.
La survie du modèle agricole familial, que tous réclament et souhaitent protéger, est en jeu actuellement. Les coupures font en sorte qu’il y a moins d’argent dans le programme d’assurance-stabilisation (ASRA). L’une des mesures prévoit, notamment, l’exclusion de 25% des entreprises les moins efficaces avant de faire la moyenne des coûts de production. De cette façon, les producteurs ont calculé qu’un montant de 80 millions $ ne sera pas utilisé à l’intérieur du budget de 630 millions $. En d’autres termes, il y aura un excédent budgétaire pendant que davantage d’entreprises agricoles sont en difficulté.
«Nous sommes déjà considérablement affaiblis par cinq années consécutives d’opérations déficitaires et plusieurs d’entre nous sont sur la corde raide. La force du dollar canadien a fait hausser les coûts, comme pour toute entreprise exportatrice. En plus, nous avons une dette de 680 millions $ à rembourser sur 15 ans. Mais nous avons remboursé le tiers de cette somme en deux ans. Si on pouvait réduire nos paiements, qui sont de 12 $ par porc produit, on pourrait avoir plus de liquidité», de soumettre M. Fréchette, qui, par ailleurs, ne se gêne pas pour qualifier d’absurdes les propos du président de La Financière agricole, Jacques Brind’Amour, qui déclare à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de crise majeure dans l’industrie porcine au Québec.
Les trois représentants du Syndicat des producteurs de porcs sont venus demander au député Yves François Blanchet de contribuer à ce que le gouvernement prenne la chose au sérieux.
« Il faut revoir l’ensemble du deal entre l’industrie et le gouvernement, enchaîne le député drummondvillois. C’est trop facile de s’attaquer à ces gens qui ne sont pas aussi bien structurés que les grosses entreprises agricoles où les producteurs ne sont plus propriétaires de leur ferme et qui n’ont plus de contrôle sur les décisions. C’est un jeu politique bas de gamme », s’est dit d’avis M. Blanchet.
Dans un communiqué récent, le Parti Québécois soulignait ceci : « « Nos régions se vident de leurs producteurs. Les impacts sociaux et économiques sont catastrophiques. Le ministre Corbeil doit en prendre acte rapidement plutôt que de faire du déni, tout comme La Financière agricole du Québec ».