Sonia Sicotte donne l’impression d’être la douceur incarnée. Ses yeux rieurs et son visage angélique ne sauraient traduire la dure bataille que livre, depuis 10 ans, ce petit bout de femme. Atteinte d’une tumeur au cerveau, cette mère de deux enfants recevra le 10 novembre les résultats de test qui révéleront si le cancer a récidivé. En attendant, elle se croise les doigts…
Sa terrible lutte contre le cancer a débuté le jour même où son fils Simon a vu le jour. C’était le 22 avril 2000. Enceinte de 8 mois et demi, cette dame a subi une césarienne d’urgence après que les professionnels de la santé se sont rendu compte qu’elle était atteinte d’une tumeur au cerveau.
De la grosseur d’une balle de golf, la tumeur bénigne était située dans son lobe frontal gauche, affectant légèrement sa capacité de langage et de motricité. Aucun signe avant-coureur n’avait pu la déceler, sinon qu’elle éprouvait régulièrement des nausées attribuables, croyait-on, à sa grossesse.
Par la suite, cette tumeur est devenue cancéreuse. La maladie, chronique et incurable, s’est manifestée quatre fois plutôt qu’une, si bien que Mme Sicotte a subi, au fil des ans, trois opérations importantes au cerveau.
«Ce sont des mauvaises cellules qui commencent à se développer, puis se multiplient, pour en venir à former une masse qui fait une pression sur le cerveau», explique-t-elle dans ses mots.
Se faisant suivre par l’Institut neurologique de Montréal, cette résidante de Saint-Germain-de-Grantham a dû séjourner par moment chez ses parents, qui habitent la métropole… loin de son mari et de ses enfants.
En plus de ces sacrifices, elle s’est prêtée à maintes reprises aux traitements de chimiothérapie et de radiothérapie, qui n’étaient pas sans laisser d’effets secondaires.
Pourtant, lorsqu’elle le pouvait, cette enseignante en mathématiques au secondaire préférait continuer de travailler.
«L’enseignement me faisait penser à autre chose. J’avais besoin d’être entourée de gens. Je me disais aussi que j’aurais pu être une source de motivation pour certains élèves», partage-t-elle.
Il faut dire que sa maladie, elle l’affronte avec une dose surprenante de sérénité. «J’ai un mari exceptionnel qui en fait beaucoup pour moi. J’ai deux jeunes enfants (âgés de 12 et 10 ans) qui sont une source d’inspiration. J’ai des parents, une famille extraordinaire. Je me suis dit que pour eux, je n’avais pas le choix de me battre», raconte-t-elle.
Des périodes de découragement, elle en a vécu également. Les jours qui suivent l’annonce d’une rechute, cette femme de 37 ans a l’impression de s’effondrer.
C’est sans oublier les ravages que la maladie fait sur son passage… Éprouvée, la mère de Sonia a sombré dans une dépression. «Elle se dit que ce n’est pas dans la normalité des choses de s’inquiéter de la mort de ses propres enfants», rapporte-t-elle. Malgré toute sa bonne volonté, son père préfère ne plus en entendre parler.
«Moi aussi, j’ai moins d’énergie pour me battre d’une fois à l’autre, mais je finis par me retrousser les manches», signifie-t-elle, avec des étincelles dans les yeux.
Le rêve de Sonia… sur Facebook
Sonia Sicotte a donc choisi de s’accrocher à la vie. Pratiquement tous les jours, elle fréquente l’église de Saint-Germain où elle nourrit sa foi. «Ça m’apporte une paix intérieure», laisse-t-elle tomber.
En guise de soutien, cette dernière peut compter sur des centaines d’amis sur le Web qui la réconfortent au quotidien. Dans un élan de solidarité, une de ses tantes a créé une page Facebook spécialement à son attention.
«Prenez le temps de lui laisser un petit mot, une chanson, un poème, une citation. Les prières et intentions lumineuses sont les bienvenues», a inscrit sa tante bienveillante.
Pour Sonia Sicotte, ces encouragements sont un baume au coeur.
«Je suis devenue intolérante à l’intolérance. La vie est courte. Les jugements, les luttes négatives… je me tiens loin de ça. Je n’ai plus d’énergie pour ça», soutient-elle, comblée de se savoir si bien entourée.
Toutes les chances de son côté
Cette femme toute menue met les chances de son côté pour favoriser la santé. Tous les conseils qu’on lui donne, elle en fait presque une religion. Elle soigne son alimentation, fait de l’aquaforme, suit des cours d’espagnol…
Savourant chaque instant, cette mère de famille chante également dans la chorale à la messe du dimanche, en plus de donner des cours de sacrements dans sa paroisse.
Trois récents voyages lui ont aussi permis de faire le plein de soleil à Cuba.
Parmi toutes ses lectures visant à chasser la maladie, elle ne se lasse pas d’écouter un texte en particulier. Il s’agit «Des mots qu’on a peur d’entendre» que l’on trouve au sein du dernier album de Nicolas Ciccone.
Pour Sonia, c’est comme si le chanteur lui parlait droit au cÅ“ur, en lui racontant son histoire, sa bataille. Et qu’il lui offrait l’occasion de faire le plein d’espoir…
Les mots qu’on a peur d’entendre
Les mots qui tuent qui blessent
Violence, déviance et maladie
Les mots qui laissent dans la détresse.
Un jour de mars, assis près d’elle
Dans une clinique du centre-ville
Un médecin regardant par terre
Lui prononça le mot cancer.
Ce mécréant, cette charogne
Qui tue lentement et sans remords
Voleur de rêves, tricheur de somme
Il vous volera jusqu’Ã la mort.
J’étais de glace et sans parole
Comme un boxeur tombé au sol
Mais, elle forte et prête à se battre
Brillait d’espoir, brillait encore.
(…)
Je vais faire la guerre à la mort
Je vais faire l’amour à la vie
il y a des combats qu’on ne peut vaincre
mais le combat en vaut le prix.
Car chaque jour qu’on arrache au mal
Car chaque seconde qu’on embellit
On se rend compte qu’on a le choix
On se rend compte qu’on est en vie.