Lucie Desrosiers, une résidente de Drummondville, est furieuse contre Hydro-Québec, qui a interrompu le courant à son domicile parce que son ex-conjoint, encore copropriétaire à 50 %, mais qui ne demeure plus à la même adresse, a cessé de payer le compte, et ce, sans l’avoir avisée.
Cela fait plus de 22 jours que Mme Desrosiers et ses deux enfants vivent dans l’inconfort d’une demeure dont la température est de plus en plus froide et le taux d’humidité grimpe rapidement.
«C’est de moins en moins vivable. Il faut que je bouille mon eau sur le barbecue, qu’on se lave à la main, bref, il faut tout réadapter. J’ai perdu tous les aliments périssables et nous n’avons pu d’ordinateur, un outil indispensable pour les études de mes enfants ainsi que pour moi qui suis travailleuse autonome. En plus de tout ça, ma fille est malade depuis trois jours», explique Mme Desrosiers, qui digère mal la situation.
Mme Desrosiers et son ex-conjoint sont en procédure de divorce depuis un an. Le compte d’Hydro-Québec est au nom de monsieur, lequel ne paie plus les frais depuis un certain temps.
Depuis qu’elle est privée d’électricité, Mme Desrosiers essaie tant bien que mal d’expliquer la situation à Hydro-Québec, mais sans succès.
«Lorsque j’essaie d’avoir des informations sur le dossier, on me dit qu’il est impossible de me les transmettre puisque je ne suis pas la personne responsable du compte. De plus, j’essaie de leur expliquer que je n’ai rien à voir avec le non-paiement, parce que je n’ai même pas été avisée, et ils ne veulent rien savoir», précise-t-elle, en soulignant qu’elle ne peut même pas s’acquitter des frais puisqu’elle n’est pas la personne responsable.
«Monsieur a pourtant signé, il y a presque un an, un document qui a été déposé à la Cour supérieure stipulant qu’il s’engage à payer les différents comptes, dont celui d’Hydro-Québec, lorsque la maison sera vendue, renchérit son frère Bertrand Desrosiers. Pourquoi Hydro-Québec persiste-t-elle l’interruption si elle a des preuves légales?»
Ces derniers estiment qu’Hydro-Québec pourrait choisir une autre mesure que celle de l’interruption du service pour se faire payer, telle que la saisie de salaire, le gel du compte ou l’hypothèque légale.
«Nous déplorons l’attitude d’Hydro-Québec, plus particulièrement son département de recouvrement, qui est incapable de réagir de façon professionnelle et actualisée avec une personne qui n’est même pas en cause», affirme M. Desrosiers, qui est adjoint principal de la députée bloquiste Ève-Mary Thaï Thi Lac, en précisant que personne n’a jamais prévenu sa soeur qu’une interruption de courant était imminente à défaut d’un paiement.
«Ce qui est encore plus choquant, c’est que nous subissons les conséquences alors que mon ex-conjoint, lui, n’a rien», poursuit Mme Desrosiers, découragée.
Ras-le-bol de se faire ignorer par Hydro-Québec, ces derniers ont même porté plainte à la Régie de l’Énergie pour dénoncer la situation. «Cela fait deux semaines et nous attendons encore une réponse», ont-ils laissé tomber.
Ce que dit Hydro-Québec
L’Express a joint Hydro-Québec pour tenter de faire la lumière sur ce dossier. La seule indication qui a été donnée, c’est que la Société d’État est en droit d’interrompre le service lorsque, entre autres, le client ne paie pas sa facture à échéance ou ne se conforme pas aux conditions d’une entente de paiement, et ce, sans même connaître la situation.
«Je ne suis pas en mesure de vous donner d’autre information, car il faut une procuration pour avoir accès au dossier», indique Ginette Dontigny, porte-parole.
À noter que quelques heures après l’appel de L’Express à Hydro-Québec, le courant a été rebranché chez Mme Desrosiers.