Cimetière catholique romain de Drummondville, l’organisme chargé de la gestion du cimetière Saint-Frédéric, situé au coin du boulevard Saint-Joseph et de la rue Marchand, investira plusieurs milliers de dollars pour remettre en valeur les quelque 1500 pierres tombales qui ornent les fosses communes.
C’est qu’avec les années, plusieurs monuments se sont abîmés au point où il devient impossible de lire les épitaphes.
«Personne n’a été enterré dans la section commune de ce cimetière depuis 1993. Nous avons donc des monuments qui datent des années 1960 et même d’avant. Certains sont tellement vieux qu’ils tombent ou s’effritent. Il y en a qui ont été fabriqués en ciment et même en bois. Notre compagnie d’assurance, la Mutuelle des Fabriques du Québec, nous oblige de faire le ménage parce qu’ils peuvent présenter un danger pour les gens», explique Roger Bérard, secrétaire-trésorier de Cimetière catholique romain de Drummondville, qui regroupe trois cimetières en ville.
Un véritable travail de moine s’est donc amorcé, le printemps dernier, dans ce lieu aménagé en 1883. «À la demande de la Société d’histoire de Drummond, nous avons décidé de conserver les vieux monuments, même ceux des familles qui n’ont pas renouvelé leur concession. Nous allons réaménager les 1500 monuments des fosses communes et les déplacer sur des fondations en béton pour les rendre plus stables. Jusqu’à présent, nous en avons déplacés 180. Plusieurs ont été réparés, mais deux ont été rejetés en raison de leur piètre état. Globalement, nous estimons que 6% des pierres tombales ne pourront pas être transférées», informe M. Bérard, tout en convenant que lorsque les travaux seront complétés, les corps ne reposeront plus nécessairement sous leur monument.
«Tout ce qui est sous la terre appartient au cimetière alors que ce qui se trouve à la surface appartient aux familles», fait-il observer.
Qui plus est, le secteur «enfant», qui regroupe des petits anges disparus essentiellement dans les années 1950 à 1970, sera aussi réaménagé.
«Aussi dans cette section, nous allons construire des fondations en béton et y déplacer la trentaine de monuments qu’on peut récupérer ou réparer nous-mêmes», poursuit M. Bérard, en assurant que le tout se fera dans le plus grand respect et que l’organisme a pris soin d’obtenir le consentement de l’évêché.
Jusqu’à présent, 50 000 $ ont été investis pour ce projet, qui nécessitera cinq années de travail.
«Notre objectif est de terminer les travaux pour le 200e anniversaire de la Ville de Drummondville», communique le contremaître du cimetière, Michel Beauchemin.
L’an dernier, l’organisme a investi un montant de 55 000 $ pour installer une nouvelle clôture en fer forgé de même qu’une somme de 4000 $ pour améliorer l’aménagement paysagé, en bordure de la rue Marchand. La Ville a Drummondville a contribué au projet à 50 %, par l’entremise de la Société d’histoire.
Des heures d’entretien
Une fois que les travaux de mise en valeur seront complétés, que tous les monuments auront été réparés et transférés sur une base de béton, Cimetière catholique romain de Drummondville récoltera les fruits de ses efforts puisqu’en plus de conserver «l’histoire de Drummondville», comme le précise Roger Bérard, l’organisme réalisera d’importantes économies liées à l’entretien du terrain.
«Il était devenu difficile d’entretenir ce cimetière parce que les monuments n’étaient plus alignés et que les rangées étaient trop rapprochées les unes des autres pour utiliser un tracteur à pelouse. Il fallait 48 heures par mois pour entretenir le gazon, soit le même temps qu’au cimetière Saint-Pierre, qui est pourtant quatre fois plus grand», exprime le contremaître, M. Beauchemin.
Puisque les pierres tombales de la fosse communes seront disposées les unes contre les autres sur un trottoir de béton, l’organisme récupérera un précieux espace, qui lui permettra de rendre disponibles d’autres lots familiaux.
«C’est d’ailleurs avec l’argent de la vente de ces lots que nous paierons les travaux en cours. Les familles qui ont enterré des proches dans la fosse commune n’ont déboursé aucuns frais. Vous savez, à l’époque, Drummondville n’était pas très riche…», exprime Roger Bérard, en soulignant qu’aujourd’hui, les «choses ne fonctionnent plus ainsi».
En terminant, petit brin d’histoire, précisons que le cimetière Saint-Frédéric a été aménagé à la demande du curé Marchand, en 1883, après que le bureau de l’hygiène de l’époque ait condamné le fait que les défunts étaient enterrés dans un cimetière primitif situé près du presbytère de l’église Saint-Frédéric. On craignait pour la santé publique. Les dépouilles avaient alors été exhumées et transportées dans le cimetière actuel, selon la Société d’histoire de Drummond. Le cimetière est rempli à pleine capacité depuis 1959.