Si la proposition révisée de délimitation de la carte électorale du Québec devait être adoptée comme elle semble vouloir se dessiner, la ville de Drummondville sera répartie lors des prochaines élections provinciales en deux vastes circonscriptions séparées de part et d’autre par le boulevard Saint-Joseph.
L’une d’elles, celle englobant la partie située à l’est de cette artère, conserverait Drummond à son nom en y ajoutant la particule Bois-Francs, alors que la partie de Drummondville située à l’ouest du boulevard Saint-Joseph constituerait le noyau d’une nouvelle circonscription de Johnson passablement transformée.
Même si Drummond-Bois-Francs et Johnson engloberaient respectivement 47 796 et 52 990 électeurs et s’étendraient pour ainsi dire jusqu’aux portes de Victoriaville et de Saint-Hyacinthe, elles ne seraient pas en mesure de réintégrer pour autant la totalité des 18 municipalités de la MRC de Drummond.
En fait, Saint-Bonaventure, Saint-Guillaume, Saint-Pie-de-Guire et Sainte-Brigitte-des-Saults logeraient dans la nouvelle circonscription de Nicolet-Bécancour, dont le nom remplacerait en quelque sorte celui de Nicolet-Yamaska, où elles se retrouvent actuellement.
Quant à la circonscription de Richmond, qui sert actuellement de refuge à cinq municipalités de la MRC de Drummond, son visage serait méconnaissable avec la nouvelle carte.
Consultation
Même si le député de Drummond, Yves-François Blanchet, avait déjà soulevé cette hypothèse des deux circonscriptions drummondvilloises lors de sa conférence de presse de fin de session en la présentant comme un dossier à surveiller à l’automne, il n’en demeure pas moins que la proposition révisée de délimitation de la Commission électorale du Québec surprend par l’ampleur qu’elle prendrait sur notre territoire.
D’ailleurs, dans le projet déposé à la Commission des institutions à la mi-mars et qui servira de base pour alimenter les prochaines étapes, il y est clairement fait état que c’est dans la région Estrie-Centre-du-Québec que l’on retrouve les plus importants changements depuis la présentation de la proposition préliminaire.
Drummondville est incidemment l’une des 23 villes du Québec ayant fait l’objet d’audiences publiques, la Commission de la représentation électorale du Québec s’étant amenée chez nous le 10 juin 2008 pour y entendre 11 interventions.
L’ex-député Sébastien Schneeberger avait été particulièrement actif dans ce dossier pour mobiliser le milieu.
On se rappellera grosso modo que l’on suggérait alors de réunir les 52 306 électeurs de la seule ville de Drummondville à l’intérieur de Drummond et de répartir la majorité des autres municipalités de la MRC de Drummond à l’intérieur d’une autre circonscription englobant d’autres municipalités limitrophes.
Cette fois, c’est vraiment au jeu de la chaise musicale que se livreront plusieurs municipalités de bon nombre des neuf actuelles circonscriptions de la région Estrie-Centre-du-Québec, si l’on fait exception de Saint-François et de Sherbrooke qui bougent peu ou pas du tout dans le cas de cette dernière, comme 40 autres circonscriptions à travers le Québec.
Quant à Drummond, le statu quo était impossible puisqu’elle est actuellement l’une des vingt parmi les 125 circonscriptions du Québec à faire partie de la catégorie dite «en situation d’exception».
De fait, Drummond appartient à une liste de sept circonscriptions en situation d’exception positive, dans le sens qu’avec ses 56 939 électeurs, elle dépasse de plus de 25% la moyenne provinciale de 45 207 électeurs, soit 26% plus précisément. À l’opposé, Nicolet-Yamaska et Richmond, avec respectivement 34 498 électeurs (-23,7%) et 36 254 (-19,8%), se dirigeaient lentement mais sûrement vers les circonscriptions en situation d’exception négative, c’est-à dire celles présentant un bassin d’électeurs inférieur de 25% à la moyenne provinciale.
Comme Mégantic-Compton, qui deviendrait Mégantic après la révision, fait déjà partie des 13 municipalités d’exception négative avec ses 33 706 électeurs (-25,1%), il en résulte que quatre des neuf circonscriptions de la région Estrie-Centre-du-Québec sont problématiques d’une façon ou de l’autre. Drummond, à l’évidence, ne pouvait manifestement échapper à une scission de son territoire dans le scénario révisé de la Commission de la représentation électorale du Québec.