Auteur : Jean-Pierre Bélanger, historien
Les agriculteurs ont traditionnellement ressenti le besoin d’un marché public pour écouler leurs produits. Déjà , dans les premiers temps du village de Drummondville, un édifice nommé « Town Hall » (la salle de la Société d’Agriculture), sert notamment à cette fin. Il s’agit d’un bâtiment d’une certaine importance, car, selon le rôle d’évaluation de 1864, sa valeur est estimée au double de celle de l’église Saint-Frédéric, soit 200$. Devenu vétuste, on le remplace en 1890 par un édifice devant servir à la fois d’Hôtel de Ville, de poste d’incendie et de marché public, dont les plans sont dressés par Francis Gauthier. Bâti près de l’église sur le site actuel du stationnement paroissial, entre les rues Brock et Lindsay, il comporte des dimensions de 100 pieds par 40. Curiosité à noter, le clerc du marché mentionne dans son rapport, que les recettes de l’année se sont élevées à l’impressionnante somme de 21 $…
Un nouveau marché semble avoir été ensuite érigé au coin des rues Heriot et Bérard, alors que près des 100 voitures et des centaines d’acheteurs s’y présentent en 1929, ce qui serait «du jamais vu»… même à la veille de la Crise ! À cet égard, le journal La Parole affirme le 12 septembre : «À constater la grande foule de vendeurs et acheteurs qui s’entassaient au coin des rues Heriot et Bérard, samedi, il est évident que la place du marché est devenue beaucoup trop étroite et qu’il faudra de toute nécessité en ouvrir une plus vaste d’ici quelque temps.»
On sait qu’un autre marché public a été ouvert à Saint-Joseph en 1933, à l’intersection des rues Saint-Jean et Saint-Albert. En 1948, après la fermeture de l’ancien marché de la rue Bérard en raison de la construction du terminus d’autobus, un groupe de marchands drummondvillois réclame l’érection d’un nouveau marché. Le besoin serait d’ailleurs d’autant plus criant, « esprit de clocher » oblige, que le marché de Saint-Joseph drainerait selon ces commerçants, le négoce de la ville… Le groupe espère donc profiter de l’érection du futur garage municipal sur le terrain du Centre civique (aujourd’hui le Centre Marcel-Dionne), pour qu’on y aménage l’éventuel marché…
Après des tentatives visant à acquérir le terrain Bourdon, entre les rues des Forges, Heriot et Holmes, le nouveau marché situé au coin des rues Bérard et Heriot ferme ses portes en 1955, à la suite de l’annexion de Saint-Joseph. Le marché public de Drummondville se trouve sur la rue Saint-Jean depuis cette date, malgré des problèmes récurrents comme l’insuffisance des places de stationnement… Plus ça change, plus c’est pareil !
Sources :
Ernestine Charland-Rajotte. 150 ans de vie quotidienne au Cœur du Québec. Acton Vale, Éd. Des Cantons, 1974.
J.-C. Saint-Amant. Un coin des Cantons de l’Est. Drummondville, Éd. La Parole, 1932.
Adélard Rivard. « Aspects de la vie quotidienne dans nos Cantons de 1815 à 1965. » La Parole, cahier spécial, 1965. La Parole 1929-1980.