Auteur : Jean-Pierre Bélanger, historien
C’est en 1931 que les frères Firmus et Urgèle Guérin font un premier séjour à Drummondville. Descendus à l’Hôtel Grand Central, ils désirent évaluer le potentiel commercial de l’endroit. Originaires de Sherrington, dans le comté de Napierville, ils envisagent de faire l’acquisition de la Boulangerie Deschesnes. Ils reviennent tellement enchantés de leur séjour qu’ils sont de retour une semaine plus tard afin de s’y établir. Déterminés à acheter la boulangerie convoitée, ils procèdent d’abord à sa location. Travailleurs acharnés, les frères Guérin triment dur à partir de 2 ou 3 heures du matin jusqu’à 21 ou 22 heures du soir, Firmus oeuvrant comme boulanger tandis qu’Urgel assure la livraison du pain dans toute la ville, besogne non moins laborieuse à une époque où les rues de l’endroit sont encore entièrement de terre battue, à l’exception d’une étroite lisière de béton au milieu des rues Heriot et Lindsay.
On sort à peine de la Crise, et les frères Guérin ne se laissent pas abattre et parviennent à hisser, en huit ans, leur boulangerie au rang de l’une des plus prospères des Cantons de l’Est. La recherche de la rentabilité commerciale n’empêche pas le duo de faire preuve de générosité envers les familles victimes de la Crise, et qui ne peuvent alors se permettre d’acheter du pain à 6 cents l’unité…
En 1938, la prospérité de l’entreprise est telle que les frères Guérin doivent emménager dans des locaux plus vastes. Ils font alors l’acquisition d’un terrain sur le bord du boulevard Mercure, avant d’y bâtir un nouvel édifice de 8000 pieds carrés de superficie. Affichant une croissante constante depuis, l’entreprise est agrandie à quatre ou cinq reprises par la suite, pour atteindre une superficie de 35 000 pieds carrés en 1965. À l’inauguration officielle des installations en 1939, la nouvelle boulangerie peut fabriquer plus de 2500 pains à l’heure… Constituée légalement en compagnie limitée en 1953, avec Urgel comme président et Firmus comme vice-président, l’entreprise compte 70 employés en 1965. Autres temps, autres mœurs, le camion supplante progressivement les pittoresques chevaux pour la livraison du pain à partir de 1946. En 1965, la flotte de camions de la Boulangerie Guérin atteint 50 véhicules.
Emportée en partie par un incendie en 1960, la boulangerie est alors reconstruite et remise au goût du jour, lui donnant ainsi la réputation d’une des plus modernes, des plus propres, et des plus efficaces de la région.
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Texte et sources : -Supplément de La Parole, 1965 (40e anniversaire du journal).
La Parole, 1938-1975.