Le député de Drummond à l’Assemblée nationale a pris connaissance avec déception de la énième crise opposant les travailleuses syndiquées du St-Hubert de Drummondville à leur employeur. Qui en effet ignore que les dernières vingt-cinq années ont été marquées par une succession de conflits de travail dans ce qui était pourtant un des plus rentables restaurant de la célèbre chaîne? Cette fois, il semble que les dés aient roulé de façon définitive avec la conversion de la rôtisserie en «St-Hubert Express», une version de cette institution québécoise qui se plie aux règles toutes américaines du "fast-food".
Yves-François Blanchet a d’abord rencontré les représentants du syndicat le 5 février, accompagnés de leur délégué syndical, désigné par le bureau de Trois-Rivières de la CSN. Sans prendre position, Blanchet a noté une certaine ouverture d’esprit : «J’ai remarqué que le conflit semblait très personnalisé, que le lien de confiance entre les travailleuses et l’employeur était totalement rompu, et pire, que les syndiquées étaient simplement résignées». Blanchet voulait proposer une trêve allant reporter la fermeture de six mois ou d’un an, et les travailleuses se sont montrées ouvertes à en discuter les conditions avec l’employeur.
Puis, le lundi 9 février, Yves-François Blanchet et son attaché politique, Frédéric Côté, sont allés rencontrer Jean-Pierre Léger, grand patron des Rôtisseries St-Hubert, et dont la famille possède celle de Drummondville. Blanchet décrit la rencontre comme franchement cordiale, et sans volonté de masquer les faits. «Monsieur Léger nie simplement que la transformation ait été l’objet d’un plan à long terme. En fait, il le dit tout bonnement : Drummondville, à ses yeux, au bout de 25 ans de conflits inélégants, ne valait plus la peine de tenter encore de reconstruire les ponts. Les relations de travail y étaient trop mauvaises. » Selon Monsieur Léger, rapporte Blanchet, une proposition sera faite aux travailleuses mises à pied pour faciliter leur départ, et un demi million sera réinvesti dans la transformation. « Ma compréhension, indique Blanchet, est que c’était une garantie de 60 emplois préservés en formule St-Hubert Express, ou la fermeture complète ». Les plans de réaménagement semblant déposés et les travaux commençant le 9 mars, Monsieur Léger a poliment rejetée la proposition de trêve présentée par le bureau du député. «On a essayé par tous les côtés, commente Blanchet. Monsieur Léger considère que le point de non retour est atteint. C’est très dommage. Les travailleuses de Drummondville valent celles de n’importe où au Québec. Mais ce n’est pas tant un conflit entre Monsieur Léger et les travailleuses qu’un conflit entre le représentant de Monsieur Léger et le représentant des travailleuses. Les uns perdent un restaurant prisé et rentable, les autres se retrouvent à la rue en pleine crise économique. » «J’espère d’une part que l’employeur sera généreux au plan des conditions de départ. Le futur des travailleuses vaut au moins autant que les travaux à effectuer, que St-Hubert y soit contraint ou pas. Également, je souhaite que le syndicat soit particulièrement dynamique et collabore totalement avec le milieu pour aider les travailleuses à trouver un nouvel emploi rapidement. Au-delà des dogmes et des certitudes idéologiques, je suis confiant que les représentants de la CSN sont conscients qu’on ne peut pas au lendemain d’un conflit amer laisser toutes ces femmes à elles-mêmes. Ce serait inacceptable, et je demeure ouvert à leur offrir tout mon soutien. Les travailleuses du St-Hubert sont les victimes d’un conflit qui leur a échappé.»