Le 17 décembre dernier, L’Express publiait un article portant sur le marché locatif de la région. La Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) révélait alors que le prix exigé pour louer un appartement de type 4 1/2 à Drummondville figurait parmi les plus bas au Québec. Mardi, le Réseau d’aide Le Tremplin a tenu à apporter une nuance importante : le coût des loyers destinés aux personnes seules est, en contrepartie, plus élevé qu’ailleurs.
«L’article faisait état que le taux d’inoccupation des appartements de type studio était de 8 %, mais il n’y avait aucune information concernant le taux d’inoccupation des appartements d’une chambre (2 1/2) et (3 1/2) ainsi que les coûts reliés à ces deux types de logement», a mis en contexte Myriane Doucet, agente de développement du logement social en santé mentale pour le Tremplin.
Après avoir vérifié auprès de la SCHL, l’organisme a constaté que le coût moyen des appartements de type studio (une pièce tout équipée) à Drummondville est de 349 $ par mois. Et, pour ce qui est des appartements comportant une chambre, le taux d’inoccupation est de 3,3 % et son coût moyen est de 421 $ par mois. À titre comparatif, un studio à Magog coûte, en moyenne, 328 $ et, à Victoriaville, il faut débourser 305 $ pour le louer. Maintenant, pour occuper un logement comportant une chambre, les occupants doivent défrayer 390 $ par mois à Magog et 362 $ à Victoriaville. «Ces données démontrent qu’il est très difficile pour une personne seule vivant de l’aide sociale de se trouver un logement à Drummondville. Celles qui reçoivent de l’aide sociale avec contraintes sévères à l’emploi obtiennent 852,08 $ par mois. Donc, louer un studio au coût moyen de 349 $ représente 40,9 % de ses revenus. Si elle envisage de louer un appartement à une chambre au coût moyen de 421 $ par mois, elle devra alors y consacrer 49,5 % de son budget. La situation est encore pire pour les prestataires d’aide sociale sans contraintes à l’emploi puisqu’ils reçoivent mensuellement 572,08 $. Ceux-ci doivent alors consacrer entre 61 % à 73,6 % de leur revenu pour se loger. Dans ce contexte, disponibilité ne rime pas avec accessibilité», a déclaré le coordonnateur du Tremplin, Guy Châteauneuf.
Ces prix plus élevés qu’ailleurs sont loin de constituer une bonne nouvelle pour cet organisme local mandaté pour apporter un soutien aux gens ayant des problèmes de santé mentale.
C’est qu’en 2003, l’Agence de santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec lui a confié le mandat d’augmenter l’accès au logement pour cette clientèle particulière, mais les prix actuels ne simplifient pas la tâche des intervenants. «Nous avons rendu public en 2003 une étude de besoins réalisée grâce à l’implication et la participation du bureau régional Centre-du-Québec de l’Office des personnes handicapées du Québec et celle du Centre local d’emploi. Certaines données ont révélé que cette clientèle cible se retrouve majoritairement prestataire du programme d’aide sociale avec contraintes sévères à l’emploi», a précisé M. Châteauneuf.
De fait, des 1385 personnes ayant des troubles mentaux sévères et persistants (MRC de Drummond), 612 reçoivent ces prestations particulières.
Présentement, la pénurie de logements sociaux pour personnes seules fait aussi en sorte qu’il est difficile pour le Tremplin d’atteindre ses objectifs fixés par l’Agence. «Il manque au moins 190 logements sociaux pour personnes seules dans la MRC de Drummond», a déploré M. Châteauneuf.
Face à ce constat, le Réseau d’aide Le Tremplin a décidé de mettre l’épaule à la roue pour tenter de trouver des solutions afin d’élargir l’offre de logements. Entre autres, l’organisme réfléchit à l’hypothèse de proposer plus de logements partagés et d’acquérir avec des partenaires des immeubles au centre-ville. Elle aimerait aussi obtenir de nouveaux fonds tirés du programme de supplément au loyer. «Nous faisons appel aux élus municipaux, aux membres de la Chambre de commerce, aux députés provincial et fédéral, à l’Agence de santé, à la Société d’habitation du Québec et au ministère des Ressources humaines et de Développement social Canada. Nous aimerions que des leaders s’impliquent», a énuméré le responsable de l’organisme.