C’était le 1er du mois. Le prestataire de la Sécurité du revenu bien connu pour ses implications sociales Marcel Blais venait de payer ses principales dépenses essentielles. Ce qu’il lui restait dans ses poches pour passer le mois : à peine 10 $ et une poignée de change.
«Je ne me suis pas payé de luxe, juste une liqueur», a-t-il confié afin de dénoncer, en compagnie d’autres membres du Regroupement de défense de droits sociaux (RDDS), district Drummond, les préjugés qui circulent à tort à leur sujet, que ce soit avec les propos du ministre de l’Emploi et de Solidarité sociale, Sam Hamad, ou du chef adéquiste, Mario Dumont.
D’un côté, M. Hamad a déclaré que «les "B.S." qui n’ont pas de contraintes sévères à l’emploi ne sont pas intéressés à aller travailler actuellement. Ils ont tout : les soins dentaires, les médicaments. Ils ont même trois jours de garderie».
Les membres du RDDS ne cachent pas leur inquiétude vis-à-vis de ce dernier qui, pour changer les choses, compte entre autres proposer des méthodes coercitives. Cela, sans parler de Mario Dumont qui compare les prestataires aptes à l’emploi à des Bougon. «Les Bougon sont des gens malhonnêtes. Des fraudeurs professionnels, il y en a dans toutes les classes sociales, a décrié Jonathan Lamontagne, coordonnateur du RDDS, évoquant au passage le scandale des commandites. Les Bougon, c’est de la fiction, mais le scandale des commandites, c’est la réalité!»
Les membres de ce Regroupement ont cité quelques exemples de parcours malheureux de gens qui, jadis «actifs» au sein de la société, se sont retrouvés à la Sécurité du revenu. Pour eux, la dernière chose dont ils ont besoin, ce sont des préjugés. «Est-ce que c’est comme ça qu’on veut traiter nos gens démunis au Québec?, a questionné M. Lamontagne. Socialement, on habite la même planète!»
Pour sa part, Christian Rajotte a demandé pourquoi, si les «B.S.» ont tout, y a-t-il des Québécois qui travaillent à 8 $ de l’heure? C’est que ces milliers de gens ont compris qu’il est presque impossible de se loger, de manger, de se chauffer et de s’éclairer, de remplacer des vêtements usés, d’avoir un téléphone et des transports avec une prestation mensuelle de 572,08 $ (incluant la TVQ) pour une personne apte à l’emploi.
Toutefois, les membres du RDDS sont d’accord pour dire que les bénéficiaires de la Sécurité du revenu trouvent parfois la roue difficile à repartir quand il s’agit de réintégrer le marché de l’emploi. «Plusieurs assistés sociaux se trouvent souvent des emplois précaires ou à temps partiel, ce qui fait en sorte qu’ils sont pénalisés s’ils vont travailler», a indiqué André Pelchat, agent de communication à la Corporation de développement communautaire Drummond.
Selon le Regroupement, il est plutôt à l’avantage de l’État de faire respecter la Loi 112 visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, celle-ci ayant été appuyée d’une pétition comportant 217 000 signatures au Québec. «N’oublions pas qu’une baisse d’investissement dans les programmes sociaux mène à des suicides, à de la criminalité et à des problèmes de santé. Si on souhaite vraiment parler d’économies aux Québécois, parlons également de ces coûts-là», a conclu M. Rajotte.