Auteur : Jean-Pierre Bélanger
Le 24 juillet 1975, à 17 h 54, une tornade cause tout un émoi dans le paisible village de Saint-Bonaventure. En à peine trois ou quatre minutes, des vents de 100 milles à l’heure ravagent tout sur leur passage, endommageant gravement l’église paroissiale, considérée comme l’une des plus belles de la région, en plus de plusieurs bâtiments et habitations. L’épicentre du sinistre a traversé la rue Principale sur une longueur de 3 milles et demi et une largeur de 1000 pieds. En plus de faire plus de 80 blessés, la tornade cause trois pertes de vie, Mme Georges-Étienne St-Laurent ainsi que ses deux jumeaux Patrice et Patricia, qui feront l’objet d’une cérémonie émouvante. Quant aux blessés, ils sont transportés à l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville. Le village voisin de Saint-David encaisse aussi des dommages mineurs. Un peu plus tard, une quatrième victime périt des suites de ses blessures, Léopold Audet, âgé de 72 ans.
Les pertes sont immenses, les dommages s’élevant à trois millions : une centaine de maisons touchées, dont une quarantaine à moitié ou entièrement démolies, l’école et l’église, plusieurs fermes et commerces gravement endommagés, comme la scierie, la tourbière et le principal établissement du village, l’Épicerie Vincent, qui subit 100 000 $ de dégâts… Quant à la Meunerie Labonté, elle est presque une perte totale. On mentionne même que le propriétaire du poulailler de 10 000 poules du village, complètement écrasé, a dû brûler 4000 volailles encore vivantes avec les débris et les carcasses pour éviter la contamination! Quant au maire Jean-Paul Pépin, il a lui-même dû encaisser des pertes de 1500$ à sa grange qui a été soulevée et déplacée à une trentaine de pieds…
Après que le gouvernement de Robert Bourassa ait refusé de déclarer la région zone sinistrée, et bien que plusieurs résidents n’étaient assurés que pour 1/5 de la valeur de leurs biens, les résidents de l’endroit réussissent tant bien que mal à se relever de ce pénible événement, grâce notamment au fonds de secours des Caisses populaires et à la solidarité des localités avoisinantes. Parmi ceux-ci, le marchand drummondvillois Denis Lauzon a mis à la disposition des sinistrés tous les congélateurs de son magasin. Dans la confusion générale, certains tentent toutefois de tirer profit de la situation en tentant de piller le presbytère et des maisons privées. Toute médaille a toujours son revers…
Quant à l’église, elle sera reconstruite en 1977 en raison des trop grands dommages, la tornade ayant percé un trou de 20 pieds par 20 d’un côté à l’autre du bâtiment, emportant du même coup les deux clochers. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que Saint-Bonaventure payait un lourd tribut devant un tel élément destructeur : en 1922 et 1945 notamment, le village avait été visité par une tornade, tout en ne marquant pas autant l’imagination populaire qu’en 1975.
Sources : «Le maire Pépin : le gouvernement devra combler la différence.» La Parole, 30 juillet 1975. «La Protection civile et l’O.M.U. : mission accomplie.» La Parole, 30 juillet 1975. «Quatrième vie réclamée par la tornade» La Tribune, 2 août 1975.
Clémence Lemaire, dir. Tornade sur un village. St-Bonaventure 1975 (revue de presse). St-Bonaventure, Fabrique de Saint-Bonaventure, 1995.
Gérald Prince et Richard Jean. «St-Bonaventure rasé!» La Tribune, 25 juillet 1975.