Il ne reste plus que l’aval des autorités municipales et gouvernementales pour qu’Atocas Blandford développe, dès cet automne, une cannebergière de 200 âcres à Saint-Lucien et Sainte-Séraphine. Des investissements de 9 millions $ et une vingtaine d’emplois sont en jeu, d’ici 5 ans.
Les négociations sont en cours depuis un an, mais leur aboutissement semble imminent. Alors que le conseil municipal de Saint-Lucien vient de donner son appui au projet, le président du comité consultatif agricole (CCA) de la MRC de Drummond, Félicien Cardin, se dit ouvert à revoir la demande, après avoir refusé d’autoriser le développement de la canneberge à la grandeur du territoire luciennois. Le conseil des maires de Drummond se positionnera finalement le 7 octobre prochain.
Le tout permettrait donc à un nouveau joueur, Atocas Blandford, de produire de la canneberge dans les environs. À Saint-Lucien, 70 âcres sont visés, dont un investissement de 3,5 millions $, et 130 âcres à Saint-Séraphine, pour 5,5 millions $.
Au dire de François Bernard, maire de Saint-Lucien, leurs terres sont prisées parce qu’elles sont arides et la nappe phréatique, près du sol, permettant de produire un couvert de glace l’hiver. «Il faut absolument qu’elle soit dans la glace l’hiver, sinon elle gèle et c’est fini, explique M. Bernard. La canneberge n’a pas besoin d’un sol riche. On la plante une fois et c’est bon pour cinq ans.»
Atocas Blandford aimerait donc commencer le déboisement dès cet automne, préparer les champs pour ainsi être en mesure de semer au printemps 2010. «Ça coûte environ 40 000 $ l’âcre pour implanter les canneberges et plus de 45 000 $ l’âcre pour les rendre jusqu’à la production», informe le cofondateur de l’entreprise, Sébastien Bélanger.
Celui-ci est donc prêt pour l’action, mais comprend les délais entourant la préparation. «Je suis habitué à ça. On développe beaucoup. Il faut que la population soit rassurée parce que ça change le décor. Mais un coup qu’on est implanté, les gens apprécient. On crée beaucoup d’emplois», transmet-il.
Pour sa part, M. Cardin note qu’il y avait plusieurs aspects à analyser. «Il y a réglementation des milieux humides, du déboisement, des pesticides…», énumère-t-il.
Ce dernier explique notamment que la canneberge est considérée comme de petits arbres, c’est pourquoi il devient possible de couper du bois et de le remplacer par la matière ligneuse qu’est la canneberge.
Pro-environnement
Les préoccupations environnementales sont au cœur des démarches, démystifiant du même coup la culture de ce petit fruit, parfois controversée.
Néanmoins, M. Bélanger affirme développer environnementalement. Par exemple, son entreprise siège au comité régional multipartite qui réunit, autour d’une même table, les ministères de l’agriculture, de l’environnement, les MRC et les producteurs, pour ne nommer que ces derniers.
De plus, les producteurs de canneberges ont des normes à suivre. Chacun doit d’ailleurs posséder un certificat d’autorisation délivré par le ministère du Développement durable, de l’environnement et des parcs. «On est une production assez propre. On a fait des projets de caractérisation des eaux qui sortent de nos fermes et elles sont de très bonne qualité. On s’est donné une norme phosphore, etc.», poursuit-il.
Il reste que l’information est toujours bienvenue. «Chaque année, on est appelé à démontrer c’est quoi la culture de la canneberge. À grande échelle, c’est une culture complètement nouvelle ici et on a un très grand potentiel au Québec, est d’avis le promoteur. La demande est très forte. Cette année, les prix ont baissé un peu, mais c’est encore très intéressant.»
Avec ses 62 employés, Atocas Blandford est le deuxième plus grand producteur au Québec. L’entreprise compte 10 années d’activités dans le secteur et exploite, à ce jour, quatre sites situés à Saint-Louis-de-Blandford (2), Laurierville et Saint-Rosaire. Environ 40 de ses 600 âcres sont consacrés à la culture biologique.