Au moment où les gens sont «techno-stressés», échangent par courriels ou par cellulaire, Richard Séguin s’amène au centre culturel de Drummondville pour présenter ses Lettres ouvertes, des chansons qui donnent la parole aux sans voix… aux sans mots.
À 55 ans, Richard Séguin est plus intense que jamais. Habité par la beauté des mots et interpellé par l’action citoyenne, cet artiste déballera ses plus récentes chansons, telles que «Qu’est-ce qu’on leur laisse?», une pièce chargée d’inquiétudes par rapport aux générations futures, «La maison brûle», le canon de l’album ainsi que «Comme une flamme au vent», avec laquelle il donne la parole à un parent dont l’enfant s’est suicidé.
Question de faire plaisir aux gens, l’artiste à la crinière de lion présentera aussi ses grands classiques. «Je vais faire "Protest Song" (1988) pour demander à Stephen Harper pourquoi il a dépensé 13 milliards en armement. En tant que spectateur, j’aime quand les artistes me présentent leurs classiques et je vais le faire aussi. Vous savez, ça ne m’a jamais dérangé de chanter une chanson 200 fois. Il y a toujours quelque chose de renouvelé», a fait savoir celui qui milite pour les Artistes pour la paix.
Si ses derniers albums n’ont pas connu autant de succès (en termes de copies vendues) que les «Journées d’Amérique» et «Aux portes du matin», Séguin ne semble pas contrarié outre mesure. «La vie n’est pas constamment une autoroute, a-t-il commenté. Il y a des vagues dans le succès et c’est normal. Je pourrais m’en désoler si je ne réussissais pas à vivre correctement, mais je sais qu’un bassin de gens continue de me suivre. Vous savez, il y a quelque chose qu’un artiste ne doit jamais faire, c’est d’essayer d’être là à tout prix. Pour le dernier album, le défi que j’avais était de continuer à progresser en utilisant des sons nouveaux, mais sans renier ce que j’ai fait dans le passé. En ce sens, je suis pas mal content du travail effectué».
Parlant d’écriture, Séguin a pris trois ans pour enregistrer ses «Lettres ouvertes» avec trois réalisateurs. «Il y a un petit peu de simplicité volontaire là -dedans. Le succès a fait que je peux aujourd’hui respecter chacune des étapes de l’écriture. Je n’ai pas besoin d’interrompre cela pour aller présenter trois ou quatre spectacles. Le fait que je ne suis pas très "jet-set" et que je vis d’une façon assez modeste me permet de prendre le temps de faire les choses à mon goût. Aujourd’hui, j’ai une grande ferveur de donner la parole aux actions des citoyens. Très souvent, je pars d’intentions réelles, de mots et de maux vécus», a-t-il partagé avec une générosité déconcertante.
D’ailleurs, il a partagé avec l’auteure de ses lignes son expérience de grand-père, exprimé être totalement «disponible» pour sa petite-fille de deux ans et parlé de ce temps qui passe vite… trop vite à ses yeux.