Alors qu’elle vient d’annoncer qu’elle s’associe à Capital régional et coopératif Desjardins pour poursuivre son développement, la compagnie Fempro précise avoir trouvé en cette organisation le même désir de préserver les emplois locaux.
La décision de transférer les actifs de l’entreprise, évalués à 22,5 millions $, effleurait l’esprit des fondateurs de Fempro, Sylvie Lemaire et Ronald Tremblay, depuis pratiquement un an. «Nous songeons au transfert depuis environ un an. Fempro vit une belle croissance et nous nous sommes demandés si nous avions l’énergie pour poursuivre l’aventure et questionnés à savoir si nous étions les bonnes personnes. Après avoir établi des critères bien précis, nous avons regardé la possibilité de trouver un nouvel acquéreur ou un partenaire d’affaires», a expliqué Mme Lemaire, quelques minutes après l’annonce officielle.
Le fait est que Fempro complète un cycle et doit investir, à court terme, dans de nouveaux équipements performants. «En 2001-2002, nous avons dû emprunter 10 millions $ pour nous rendre là où nous sommes aujourd’hui et là , il aurait fallu donner une autre "shot" comme celle-là alors que nous ne savions plus si nous avions l’énergie nécessaire, a poursuivi Sylvie Lemaire. Aujourd’hui, tout le monde est content, car Desjardins a la même vision et arrive ici avec une attitude hyper positive. Nous quittons donc avec le sentiment du devoir accompli, d’autant plus que nous avons trouvé un acquéreur qui assurera la continuité de l’entreprise à Drummondville».
Malgré ce transfert d’actifs, cette dernière continuera de siéger au sein du conseil d’administration de l’entreprise, «pour conserver un Å“il sur son bébé», en plus d’occuper une fonction similaire au c.a. de Cascades.
Croissance importante
Ceci dit, depuis deux ans, Fempro est en croissance, et ce, malgré les conséquences d’un dollar excédent le 1,07 $.
«Nous ne pouvons pas tout révéler, mais depuis 2005, nous connaissons une croissance de 20 % dans tous nos secteurs. Pour vous donner une idée, nous sommes passés de 85 à 130 employés en quelques mois. Nous sommes aussi rendus au stade où nous avons besoin de nouvelles machineries, ce qui amènera encore plus d’emplois en région. Fempro va bien… même s’il n’est pas nécessairement facile de travailler avec un dollar si fort. Quand même, il faut savoir le tirer à son avantage et notre but demeure le même : faire de Fempro une entreprise manufacturière québécoise de classe internationale», a indiqué Jean Fleury, président-directeur général de Fempro.
Capital régional et coopératif Desjardins
De son côté, Louis L. Roquet, président et chef de l’exploitation de Desjardins Capital de risque, a expliqué la raison d’être du fonds qui a servi à acquérir ce fabricant de serviettes hygiéniques de marques Incognito et autres.
«Ça fait 30 ans que cette organisation existe (autrefois baptisée Société des investissements Desjardins) et qu’elle travaille avec des entreprises québécoises pour soutenir leur développement», a-t-il mis en contexte.
Constitué de l’argent de 125 000 investisseurs québécois, ce fonds permet concrètement de préserver l’identité des entreprises fondées au Québec. «Vous savez, au cours des dix prochaines années, 50 % des PME québécoises changeront de propriétaires. Nous n’avons jamais vécu cela au Québec. On peut vivre cela comme un trauma épouvantable, car l’économie que l’on a construite pourrait se retrouver entre les mains de bailleurs ontariens, mais on peut aussi travailler pour que les entreprises et les emplois demeurent régionaux. À l’exemple d’une entreprise comme Fempro, ce n’est pas facile de demander à une équipe de direction de casser son petit cochon et de l’acheter comptant. Avec ce fonds, nous intervenons pour permettre le transfert de la propriété et nous soutenons la croissance de l’entreprise, car nous avons également des ressources supplémentaires», a expliqué Louis L. Roquet.
Enfin, cachant mal ses émotions, la cofondatrice de Fempro, Sylvie Lemaire, a précisé que si ce transfert n’avait pas fonctionné, elle aurait poursuivi les activités de Fempro en s’investissant à nouveau. «J’étais prête aux deux éventualités : celle de poursuivre et de foncer encore, ou celle de léguer l’aventure à un autre», a-t-elle conclu.