Au fil des ans, Drummondville a produit plusieurs grands joueurs de hockey, une quinzaine d’entre eux gravissant les échelons jusque dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Trois de ces perles rares ont été honorés, vendredi, quand Marcel Dionne, Gordie Haworth et Bruce Cline ont été intronisés au sein du nouveau temple de la renommée du sport de Drummondville.
Présent au Dauphin, où a eu lieu le grand dévoilement, Marcel Dionne s’est dit extrêmement touché par cet hommage, lui qui a pourtant reçu l’ultime consécration en étant élu au sein du prestigieux temple de la renommée du hockey, en 1992. «Pour moi, c’est un grand honneur d’être intronisé au sein du temple de la renommée de Drummondville, d’autant plus que l’organisme qui est derrière cette initiative (les Grands du sport) fait partie de ma vie depuis longtemps. Mon grand-père (Laurent Sawyer) a d’ailleurs été élu au sein des Grands du sport en 1982», a rappelé Marcel Dionne, qui habite aujourd’hui à Niagara Falls, dans l’État de New York.
Au terme de sa carrière de 18 saisons dans la LNH, Marcel Dionne a reçu plusieurs honneurs. En plus d’être élu au sein du temple de la renommée du hockey et au sein du panthéon des sports du Québec, il a vu les Kings de Los Angeles retirer son chandail. «J’ai reçu plusieurs honneurs après ma carrière, mais celui d’aujourd’hui me touche particulièrement, car il vient de ma communauté, a ajouté l’homme de 56 ans. Grâce à ma compagnie de marketing, j’ai aujourd’hui l’occasion de voyager à travers l’Amérique du Nord et je porte toujours une attention particulière aux temples de la renommée locaux. C’est intéressant de découvrir que même les plus petites villes ont produit de grands sportifs.»
Selon Marcel Dionne, un temple de la renommée comme celui de Drummondville doit contribuer à établir un pont entre les générations au sein d’une communauté. «Drummondville a toujours été une belle ville sportive. Quand j’étais plus jeune, j’admirais les exploits des plus vieux : des gars comme Gordie Haworth et Bruce Cline ont été mes idoles. La ville a toujours regorgé d’athlètes de haut niveau, mais j’ai l’impression que les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas vraiment ce que les plus vieux ont réalisé dans le passé. Le contraire est toutefois aussi vrai et c’est pourquoi j’espère que les prochaines nominations vont souligner les exploits des athlètes plus jeunes. On n’a pas besoin d’attendre très longtemps pour souligner ce qui mérite de l’être», a suggéré celui qui est encore aujourd’hui le meilleur pointeur de l’histoire des Kings de Los Angeles.
Une légende du hockey
Natif de Drummondville, Marcel Dionne a été l’un des joueurs les plus productifs de l’histoire de la LNH. Plusieurs experts le considèrent comme étant le meilleur joueur de la LNH à ne pas avoir mis la main sur la Coupe Stanley.
Après avoir amorcé sa carrière junior dans l’uniforme des Rangers de Drummondville, qu’il a menés à la conquête de la Coupe du président, en 1967-1968, Marcel Dionne a joint les rangs des Blacks Hawks de St. Catharines (Ligue junior de l’Ontario), en 1968-1969. En plus de remporter le championnat des pointeurs à deux reprises, il a mené son équipe jusqu’en finale de la Coupe Memorial, en 1971.
Deuxième choix derrière Guy Lafleur lors de la séance de sélection de 1971, Marcel Dionne a disputé les quatre premières saisons de sa carrière professionnelle dans l’uniforme des Red Wings de Détroit. En 1975, il a été échangé à Los Angeles, où il a été un modèle de constance durant les 12 saisons où il a porté les couleurs des Kings. Formant un trio redoutable au centre de Dave Taylor et de Charlie Simmer, il a atteint le plateau des 50 buts à six reprises et celui des 100 points à sept occasions. En 1979-1980, il remporté le championnat des pointeurs de la LNH et le trophée Art-Ross grâce à une récolte de 137 points, sur un pied d’égalité avec Wayne Gretzky.
En plus de disputer huit parties des étoiles durant sa carrière, Marcel Dionne a remporté le trophée Lady Bing et le trophée Lester B. Pearson deux fois chacun. Échangé par les Kings en 1987, il a disputé les deux dernières saisons de sa carrière dans l’uniforme des Rangers de New York. Au moment où il a accroché ses patins, en 1989, ses 1771 points (731 buts, 1040 passes) le plaçaient au troisième rang de l’histoire de la LNH, derrière les légendaires Wayne Gretzky et Gordie Howe.
Par ailleurs, Marcel Dionne a représenté le Canada à sept reprises sur la scène internationale, étant nommé meilleur attaquant lors du championnat mondial de 1978.
Haworth et Cline : un parcours similaire
Le centre Gordie Haworth et l’ailier droit Bruce Cline ont connu un parcours étonnamment similaire. Au début des années 1950, les deux joueurs ont évolué ensemble durant cinq saisons (la plupart du temps au sein du même trio) dans l’uniforme des Citadelles de Québec (Ligue de hockey junior A du Québec) et des Braves de Valleyfield (Ligue de hockey senior provinciale). En 1951, ils ont mené les Citadelles à une participation au tournoi de la Coupe Memorial.
À tour de rôle, les deux compagnons de trio sont ensuite parvenus à atteindre brièvement la LNH, qui comptait alors six équipes, puis à connaître une brillante carrière au sein de divers circuits professionnels mineurs.
Après avoir obtenu un essai de deux rencontres au sein de l’organisation des Rangers de New York, en 1953, Haworth a surtout fait sa marque dans la Ligue de l’ouest, à Victoria, Portland et Los Angeles. En 1961, celui qui est natif de Drummondville a aidé les Buckaroos de Portland à remporter le championnat des séries éliminatoires. De retour au Québec, en 1967, il a contribué à la conquête de la Coupe Allan par les Aigles de Drummondville (ligue senior provinciale). Au début des années 1970, il a dirigé les Rangers juniors de Drummondville durant une saison.
Quant à Bruce Cline, il a connu des débuts professionnels fulgurants, étant élu recrue de l’année dans la Ligue américaine en 1955-1956, alors qu’il portait les couleurs des Reds de Providence. Ces succès lui ont permis d’attirer l’attention des Rangers de New York. L’année suivante, il a disputé 30 parties dans l’uniforme des Blue Shirts, amassant deux buts et trois passes au sein d’un trio défensif. Il a par la suite connu ses meilleurs moments dans la Ligue américaine, où il a évolué durant 11 saisons, transportant son baluchon à Providence, Buffalo, Springfield et Hershey. En plus de mettre la main sur la Coupe Calder à trois reprises, il a été nommé au sein des équipes d’étoiles du circuit en deux occasions. À l’instar de Gordie Haworth, il a ensuite agi à titre d’entraîneur des Rangers de Drummondville.
Aujourd’hui âgés de 76 ans, Gordie Haworth et Bruce Cline ont accepté cet honneur avec beaucoup d’émotions, eux qui, à l’instar de Marcel Dionne, n’en étaient pourtant pas à leur première cérémonie d’intronisation, le premier ayant été élu au temple de la renommée du sport de l’Oregon et le second ayant reçu le même honneur, à Springfield. «Pendant notre carrière, les choses se passent tellement vite qu’on ne prend pas nécessairement le temps de tout apprécier. C’est quand on reçoit un honneur comme celui d’aujourd’hui qu’on se rend compte de ce qu’on a réellement accompli», a témoigné Gordie Haworth, dont le fils, Allan, a connu une belle carrière dans la LNH. «C’est d’autant plus valorisant d’être parmi les premiers intronisés que Drummondville a produit de nombreux grands sportifs au fil des ans, Marcel Dionne étant certainement le plus célèbre», a renchéri son complice de toujours, Bruce Cline, qui est originaire de la région de Sherbrooke, mais qui a choisi Drummondville comme ville d’adoption il y a 50 ans.
Qui seront les prochains?
Maintenant qu’il a accueilli ses trois premiers membres, le temple de la renommée du sport de Drummondville continuera à rendre hommage à d’autres légendes du sport sur une base annuelle. Pour ce faire, un comité de sélection a été créé par les Grands du sport. Rappelons que chaque athlète intronisé au sein de ce nouveau panthéon devra répondre à des critères précis, les principaux étant de s’être illustré sur la scène professionnelle, internationale ou olympique, et d’être un retraité de sa discipline. Il devra également avoir résidé sur le territoire de la région de Drummond durant au moins dix ans.
Créé sous l’initiative des Grands du sport, ce temple ne modifie en rien la mission première de cet organisme, qui continuera à honorer annuellement des bâtisseurs-bénévoles du milieu sportif drummondvillois. Rappelons que cette année, l’organisme a élu Jacques Roy, un bénévole de longue date dans le milieu du football, à titre de 30e Grand du sport. «Les activités de ce temple de la renommée seront séparées des célébrations entourant les Grands du sport en tant que tel. Elles seront différentes, mais tout aussi grandioses», a précisé le président de l’organisme, Louis Bonneau.
La Ville de Drummondville a déjà fait savoir qu’elle prêtera un local qui permettra d’exposer les objets remémorant les exploits des athlètes intronisés au temple de la renommée. Le lieu demeure toutefois à déterminer.
Par ailleurs, les Grands du sport n’ont toujours pas abandonné leur idée de créer un gala de l’excellence sportive, qui permettrait de souligner les prouesses des athlètes drummondvillois s’étant le plus illustrés dans leur discipline respetive au cours de la dernière année. «Grâce aux Grands du sport, au temple de la renommée et à ce gala de l’excellence sportive, Drummondville pourrait bientôt passer à l’histoire en devenant la première ville du Québec à honorer ses athlètes dans les trois sphères du sport», a conclu Louis Bonneau.