HOCKEY. L’actuel parcours des Cantonniers de Magog au tournoi de la coupe Telus n’est pas sans rappeler de précieux souvenirs à Didier Bochatay. Le Drummondvillois est un membre de la fameuse édition championne de cette formation au printemps 2000.
À l’époque, Bochatay était âgé de 16 ans. Le défenseur avait été cédé aux Cantonniers après avoir amorcé la saison régulière avec les Voltigeurs. La formation estrienne misait sur de nombreux joueurs originaires de la région de Drummondville, à savoir les défenseurs Francis Trudel et Patrick Gosselin ainsi que les attaquants Benoît Duhamel, François Fillion, Rémi Bergeron, Steve Bertrand, Jean-François Beaulieu et Pierre Morvan.
«Les gars de Drummond, on avait tout le temps gagné ensemble, que ce soit dans l’atome, le pee-wee ou le bantam. Avec les gars de Victo, on avait gagné les Jeux du Québec. On était un club vraiment soudé. À travers les années, on a souvent fait face à de l’adversité, mais on se serrait toujours les coudes. On avait le don d’embrayer dans les bons moments», s’est remémoré Bochatay, qui est aujourd’hui âgé de 35 ans.
«On jouait vraiment en équipe, de façon collective. Je n’ai plus jamais retrouvé une équipe comme ça durant ma carrière. Je me suis souvent retrouvé dans des environnements plus individualistes», a continué celui qui a porté les couleurs des Voltigeurs, des Remparts de Québec et des Foreurs de Val-d’Or avant de rouler sa bosse pendant quelques saisons chez les professionnels en Suisse.
Dirigés d’une main de maître par l’entraîneur-chef Mario Durocher ainsi que ses adjoints Judes Vallée et Martin Bernard, les Cantonniers avaient connu une saison mémorable en 1999-2000. En séries éliminatoires, ils avaient successivement éliminé les formations de Lévis, Sainte-Foy et Charles-Lemoyne.
«On ne l’avait pas eu facile dans les deux premières rondes, mais chaque fois, on avait signé une grosse victoire dans le match numéro 7. Puis en finale, on affrontait des joueurs de la trempe de Pierre-Marc Bouchard et Pierre-Alexandre Parenteau. Dans le deuxième match, on avait perdu en prolongation. Le but avait été alloué même si la rondelle avait touché le poteau. Elle n’était même pas passée proche de rentrer dans le filet. Ça nous avait grandement motivés pour la suite des choses», a raconté Bochatay.
Au championnat canadien de hockey midget AAA disputé à l’aréna Maurice-Richard, les Cantonniers n’avaient subi qu’une seule défaite en sept matchs, établissant notamment un record pour les buts marqués en avantage numérique. En finale, les Magogois avaient battu l’équipe hôtesse de Montréal-Bourassa par le pointage de 6-0.
«En demi-finale, on avait comblé un déficit pour l’emporter. Ensuite, on savait que c’était notre dernier match ensemble, la gang de Drummond et Victo. La veille, le père de Judes Vallée était décédé. On avait fait un meeting, mais on n’avait pas eu besoin de parler. On voulait gagner ce match pour lui.»
«Notre équipe ne s’était pas soudée ensemble juste vers la fin, a-t-il ajouté. Nos liens étaient tissés serrés depuis le début.»
Ce que Didier Bochatay retient avant tout des Cantonniers de cette époque, c’est la qualité des individus qui formaient ce groupe.
«On ne se définissait pas seulement comme des joueurs de hockey. Les gars étaient aussi des gentlemen à l’extérieur de la glace, notamment à l’école où on s’était vite intégrés aux autres élèves. On avait un grand cœur et de bonnes valeurs.»
Deux équipes différentes
Dans son rôle de recruteur pour les Huskies de Rouyn-Noranda, Bochatay a assisté à plusieurs matchs du circuit midget AAA cette saison, dont ceux de la coupe Dodge disputés au cours des derniers jours en Outaouais. Impossible toutefois pour lui de trancher à savoir quelle édition des Cantonniers est la meilleure entre la sienne et celle de cette année.
«C’est dur à dire. L’équipe de cette année est bien différente de la nôtre. Elle est très jeune, mais elle a beaucoup de talent et de profondeur. Les gars sont le fun à voir jouer. Je ne serais pas surpris d’en voir plusieurs percer chez les professionnels. Ils ont été la meilleure équipe en saison et en séries. Ils méritent pleinement leur place à Sudbury», a-t-il affirmé.
Comme plusieurs observateurs, Bochatay a été impressionné par la tenue de l’attaquant Simon Pinard. Le Drummondvillois a été proclamé joueur offensif par excellence des séries.
«Ses succès en séries ne sont pas arrivés par hasard. Il est monté en puissance pendant toute la saison. C’est un gars avec du talent et du cœur. Il est sérieux et il a du feu dans les yeux.»
À la coupe Telus, la formation de l’entraîneur-chef Félix Potvin sera opposée aux champions de l’Atlantique, de l’Ontario, de l’Ouest et du Pacifique ainsi qu’à l’équipe hôtesse de Sudbury.
«Tout dépend de plusieurs facteurs, mais avec l’équipe qu’ils ont sous la main, ils ont de bonnes chances. Dans un tel tournoi où tu peux jouer jusqu’à sept parties en autant de jours, tous les astres doivent être alignés. Il faut savoir embrayer quand c’est le temps», s’est dit d’avis Bochatay.
Ayant amorcé le championnat canadien lundi en battant les Flyers de Moncton 4-1, les Cantonniers poursuivront la ronde préliminaire en disputant un match par jour jusqu’à vendredi. Les demi-finales auront lieu samedi tandis que la ronde des médailles se déroulera dimanche.
Depuis la conquête de la coupe Air Canada par les Cantonniers en 2000, puis celle des Gouverneurs de Sainte-Foy en 2001, aucune équipe québécoise n’a été en mesure de répéter l’exploit au championnat canadien.