TENNIS. Denis Shapovalov vit une véritable histoire d’amour avec le Challenger Banque Nationale de Drummondville. À seulement 17 ans, la jeune sensation ontarienne a décroché sa toute première victoire sur le circuit des Challengers de l’Association de tennis professionnel (ATP), dimanche, devant une salle comble et ravie au centre de tennis intérieur René-Verrier.
Un an après avoir attiré l’attention de la planète tennis en atteignant la demi-finale du tournoi drummondvillois, Shapovalov a vaincu le Belge Ruben Bemelmans en deux manches de 6-3, 6-2 en finale. Au terme d’un duel de gauchers qui a donné lieu à quelques échanges puissants, rapides et spectaculaires, il a mis la main sur un cinquième titre chez les pros, le plus important de sa jeune carrière.
Encouragé par la foule de plus de 500 spectateurs, Shapovalov s’est montré presque sans faille, mettant à peine plus d’une heure pour finir le travail. Très intense sur le court, se fâchant parfois contre lui-même en début de partie, l’adolescent a bien varié son jeu, brisant le service de son adversaire à quatre reprises. Après avoir pris l’avance 4-2 en première manche, il n’a plus jamais été inquiété.
«C’était ma première finale dans un Challenger. C’était quelque chose de nouveau pour moi. Je me sentais un peu nerveux. J’ai eu quelques difficultés avec mon service au début, mais j’ai bien compétitionné pour rester dans le match. Ensuite, j’ai obtenu quelques chances et j’ai commencé à mieux jouer. Le match a été plus serré que le score ne l’indique. J’ai été solide dans des moments-clés», a analysé celui qui a hérité d’une bourse de 10 800 dollars américains et en plus d’être gratifié de 90 points au classement de l’ATP, ce qui lui a permis de faire un bond du 253e au 194e rang mondial.
En demi-finale, la veille, Shapovalov avait battu son compatriote, le Montréalais de 16 ans Félix Auger-Aliassime, dans ce que plusieurs ont qualifié de finale avant la finale. «Je joue beaucoup de tennis dernièrement, mais je joue bien. Je suis en pleine confiance», a dit celui qui a remporté le tournoi Futures de Gatineau il y a trois semaines à peine.
Après la finale, le champion a prononcé quelques mots en français afin de remercier la foule, lançant aussi de bons mots aux organisateurs et aux quelque 300 bénévoles. L’athlète de Richmond Hill s’est également déclaré fier d’être devenu le premier Canadien à gagner le trophée René-Verrier, lui qui succède au Britannique Daniel Evans (2016) et à l’Australien John-Patrick Smith (2015).
«C’est un sentiment incroyable. C’est spécial de gagner au Canada. Je joue toujours du bon tennis à la maison. J’adore jouer à Drummondville. J’ai passé une semaine formidable. Si je suis encore sur le circuit des Challengers l’an prochain, je serais ravi de revenir ici.»
Pour sa part, Ruben Bemelmans a estimé avoir joué son meilleur tennis, sans que cela soit toutefois suffisant pour l’emporter. L’athlète de 29 ans a reçu une bourse de 6460 dollars américains ainsi que 48 points au classement de l’ATP.
«Au début, mes sensations étaient bonnes, mais je n’ai pas su profiter de mes occasions et j’ai commis quelques fautes. Le mérite revient à Denis, qui s’est battu pour rester dans le coup. Après, il a joué un match quasi parfait. Il a pris la situation en main et je ne pouvais plus rien faire. Il est très jeune, mais il joue déjà de grands matchs. Son avenir est prometteur», a affirmé en français la 139e raquette mondiale.
Avant de sauter dans un avion en direction de la Floride, où il participera aux qualifications de l’Open de Miami dès lundi, Bemelmans a vanté l’organisation du tournoi drummondvillois. «C’était parfait. Le transport, l’hôtel, la restauration : tout était nickel!», a lancé le détenteur de 17 titres en simple et d’une vingtaine en double en carrière.
Directeur des tournois chez Tennis Canada, Richard Quirion a rappelé à quel point les gens de la région sont chanceux de pouvoir assister aux prouesses d’athlètes de cette trempe. Un record d’assistance a d’ailleurs été établi pendant la troisième édition de ce Challenger, alors que 4956 spectateurs ont assisté aux matchs.
«Quel match et quelle semaine de tennis avons-nous eus droit! Il n’y a pas de meilleur endroit que Drummondville pour voir évoluer la relève du tennis canadien. On espère encore profiter de la présence de Denis et Félix l’an prochain. Mais avec leur ascension fulgurante au classement mondial, il est possible que ça soit déjà leur dernière année sur le circuit des Challengers», a-t-il fait observer.
Le mot de la fin est revenu au porte-parole du comité organisateur du Challenger, Alain Caillé, très ému sur le court central après la finale. «Denis, tu fais maintenant partie de nos amis. Si tu reviens l’an prochain, on va t’accueillir comme à la maison!»