ÉDUCATION. C’est assez : c’est le message que la mairesse de Saint-Lucien, Diane Bourgeois, et le député Sébastien Schneeberger ont souhaité faire parvenir à la Commission scolaire des Chênes concernant la surpopulation de l’école Saint-Lucien.
Des gymnases trop petits et peu adaptés à des cours d’éducation physique ; une classe dans une roulotte attachée au bâtiment principal ; une bibliothèque et des services d’orthopédagogue, notamment, à l’extérieur de l’école ; et le déménagement des assemblées du conseil municipal dans une autre pièce, parce que l’endroit prévu à cet effet est désormais occupé par des élèves de 6e année.
C’est ce avec quoi le personnel et les élèves de l’école Saint-Lucien doivent composer depuis déjà quelque temps. L’établissement a une capacité d’environ soixante enfants, et ils sont actuellement dans les environs de 90 à y suivre leurs cours.
La mairesse Diane Bourgeois, qui est impliquée dans le dossier depuis longtemps, réclame une action concrète de la Commission scolaire des Chênes.
«On se rend compte que la situation physique ne correspond plus aux normes de l’enseignement actuel. En plus, nous avons un dépassement d’étudiants. Nous avons besoin d’un agrandissement. Qu’est-ce qui se passe à la commission scolaire ?», dénonce-t-elle vivement.
Même son de cloche du côté du député Schneeberger. «Ça n’a aucun sens. Les citoyens paient leurs taxes comme ailleurs. Ce n’est pas facile pour les professeurs non plus de faire leurs classes dans des conditions comme celles-ci. C’est une question de fierté.»
Le hic : l’école appartient à la municipalité depuis environ 24 ans. À l’époque, cette acquisition avait été réalisée afin d’empêcher la fermeture de l’établissement scolaire.
D’après Mme Bourgeois, Saint-Lucien serait déjà prête à céder ce bâtiment gratuitement ou, à tout le moins, pour une somme dérisoire à la commission scolaire. «Nous les avons rencontrés, et nous leur avons dit que nous serions disposés à lui donner cette école-là. Ils n’en veulent pas. Ils veulent prendre les enfants de Saint-Lucien et les envoyer dans d’autres écoles pour combler les places disponibles dans leurs classes», estime-t-elle.
Les deux intervenants considèrent que c’est de l’indifférence de la part de la Commission scolaire des Chênes, et se sentent peu écoutés. «La commission scolaire fait la sourde oreille, parce qu’elle dit que ce n’est pas son école. C’est vrai, mais la municipalité est prête à leur donner. La CSDC est responsable de l’éducation des enfants et d’offrir des lieux qui sont adéquats. La réalité, c’est que les citoyens se retrouvent en otage de l’impasse juridique», déplore le député Schneeberger.
«L’école, c’est une question de vitalité de territoire. C’est central ici. Maintenant, un enfant de quatre ou cinq ans doit faire la route jusqu’à Saint-Cyrille ou Saint-Félix-de-Kingsey. Nos enfants ont le droit d’avoir une tranquillité, d’avoir un sentiment d’appartenance et d’avoir un milieu de vie qui correspond à leurs besoins, comme n’importe quel enfant de la commission scolaire», conclut la mairesse d’un ton convaincu.
Une impasse juridique
Du côté de la Commission scolaire des Chênes, qui a organisé un point de presse d’urgence après avoir appris la sortie médiatique des intervenants luciennois, on estime que c’est d’un ressort ministériel, d’autant plus que l’école appartient à la municipalité.
«On reconnaît que les lieux peuvent être améliorés. Les installations sont déficientes, c’est clair, mais elles le sont aussi ailleurs. Ça se passe au-dessus de nos têtes, et c’est bien triste pour Saint-Lucien. La commission scolaire a fait tout ce qu’elle pouvait, matériellement et politiquement. Au moment où l’on se parle, la commission scolaire ne peut rien faire», a mentionné le président de la commission scolaire, Jean-François Houle.
Il ajoute qu’il ne remet pas pour autant en question la bonne volonté de la municipalité, ni les efforts qui ont été fournis dans ce dossier.
La directrice générale de la CSDC, France Lefebvre, est aussi de cet avis. «Nous avons devant nous une municipalité qui veut, et nous savons que la qualité de vie pour un village passe beaucoup par l’école. Nous comprenons cela, et nous y sommes très sensibles. Ce n’est pas un traitement à part, loin de là, mais nous avons un cadre très rigoureux à respecter.»
Le président explique que, pour qu’un agrandissement soit autorisé par le ministère de l’Éducation, l’école doit répondre à des critères bien précis. Par exemple, la preuve doit être faite qu’une augmentation de la population significative se fera sentir au cours des cinq prochaines années dans le village, et que les classes à 20 km à la ronde soient toutes à pleine capacité.
«Malheureusement pour Saint-Lucien, le projet ne se qualifie pas, même si le bâtiment nous appartenait. Le gouvernement n’a pas une vision municipale. Nous avons les mains attachées par ces critères. Je ne demanderais pas mieux que le gouvernement change ses règles de fonctionnement», précise-t-il.
Il rappelle également qu’il ne défend pas les façons de faire du ministère, mais qu’il souhaite plutôt démystifier le cadre avec lequel une commission scolaire doit composer.
M.Houle réitère son appui envers la municipalité et se défend de faire de la discrimination envers Saint-Lucien. «Je ne vois pas en quoi un élève luciennois est différemment traité qu’un élève d’ailleurs.»
Pour ce qui est de l’acquisition du bâtiment, Jean-François Houle affirme n’avoir rien reçu en termes de demande officielle. «Il faudra qu’il y ait une démarche officielle écrite. Considérant que le conseil des commissaires n’a pas été chargé d’étudier cette demande, je ne peux pas me prononcer au nom du conseil des commissaires.»
D’après M.Houle, une voie possible pour la municipalité de Saint-Lucien serait de faire appel à des subventions du côté du ministère des Sports et des Loisirs, par exemple. «Selon moi, si des leviers sont accessibles au gouvernement, ils sont là. La suggestion que je ferais à Saint-Lucien, bien que je n’aie pas de leçons à leur donner, ce serait de faire la demande en lien avec l’aménagement d’un gymnase ou d’une autre infrastructure du genre, attenant à l’école.»