COMMENTAIRE. Les partisans des Voltigeurs n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent au cours des trois dernières années. Au bout d’une reconstruction qui a parfois paru interminable, le vent semble toutefois en voie de tourner de façon drastique pour l’organisation drummondvilloise.
«La force des jeunes, le meilleur est à venir»… Tel était le slogan des Nordiques de Québec au tournant des années 1990, quelques saisons avant que la concession gagne la coupe Stanley dans les montagnes du Colorado. Le dicton pourrait bien s’appliquer à la présente édition des Voltigeurs, la plus jeune équipe à travers la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). À la différence que la récompense ultime pourrait bien survenir beaucoup plus rapidement.
La saison est encore bien jeune, mais force est de constater qu’il se passe quelque chose de spécial au coin des rues Cockburn et Corriveau. En ce moment, après 13 matchs, la troupe de Dominique Ducharme se pavane parmi les meilleures équipes au classement général. Et le plus emballant à mes yeux, c’est la solide tenue des jeunes, parmi lesquels on retrouve plusieurs vertes recrues.
En offensive, l’entrée en scène de Xavier Simoneau et Dawson Mercer a insufflé un véritable vent de fraîcheur au sein de l’alignement drummondvillois. Âgés d’à peine 16 ans (en fait, Mercer n’a pas encore soufflé ses 16 bougies), les deux premiers choix de l’équipe au dernier repêchage m’impressionnent non seulement par leur talent, mais aussi par leur caractère et leur maturité.
Par moments, l’énergique Simoneau me fait penser à Alexandre Demers, l’un des plus grands leaders dans l’histoire des Voltigeurs. Quant à Mercer, ses mains, son intelligence et sa fougue font de lui un joueur spécial.
À eux seuls, ces deux jeunes loups permettent aux Voltigeurs de voir l’avenir en rose, mais ce n’est pas tout. Des attaquants de 17 ans tels que Cédric Desruisseaux et Bastian Eckl laissent également entrevoir un beau potentiel offensif. À la ligne bleue, même s’il n’a pas vu beaucoup d’action jusqu’ici, le défenseur de 16 ans Thomas Pelletier démontre un calme étonnant pour son âge.
Et le plus beau, c’est que cette cuvée de recrues prometteuses est venue se greffer à un groupe de jeunes loups déjà très bien nanti. L’hiver dernier, on avait effectivement découvert le talent de joueurs de la trempe de Pavel Koltygin, Xavier Bernard et Jarrett Baker, sans oublier bien sûr le quart-arrière Nicolas Beaudin et le capitaine Nicolas Guay, dont l’aplomb me rappelle les beaux jours de Marc-Olivier Vachon…
Mais à la base, la pièce maîtresse de cette reconstruction s’appelle évidemment Olivier Rodrigue. On a l’impression que le jeune phénomène n’a pas fini de nous ébahir par son talent, son calme désarmant et sa technique impeccable qui ne sont pas sans rappeler le style de Carey Price.
Autour de cette bande d’ados surdoués, Ducharme et ses acolytes ont ajouté quelques valeureux vétérans prêts à aller au front. Je pense immédiatement à Yvan Mongo, Morgan Adams-Moisan et Marc-Olivier Duquette, qui sonnent la charge soir après soir. Et c’est sans compter quelques trouvailles du côté des États-Unis ou de l’Ontario, telles que Robert Lynch et Nathan Hudgin…
Bref, à peine 18 mois après son embauche, on peut affirmer que Dominique Ducharme a véritablement construit une équipe à son image. En débarquant à Drummondville, l’homme de hockey avait affirmé sa volonté de bâtir une équipe capable d’aspirer à la coupe Memorial.
Avec les éléments actuellement en place, j’estime que les Voltigeurs pourront prétendre aux grands honneurs au cours des deux prochaines campagnes, un peu comme ce fut le cas aux printemps 2009 et 2010.
Et vous savez quoi? De la façon dont les choses se dessinent, je pense que vos favoris vont continuer de causer des surprises cette saison. Ces dernières années, l’équipe a connu des départs-canons avant de ralentir la cadence en deuxième moitié de campagne et de jouer les figurants en séries. Je ne crois pas que l’histoire va se répéter cette saison, alors que plusieurs équipes semblent vouloir jouer les trouble-fêtes pendant qu’aucune puissance ne semble capable de se démarquer.
La situation actuelle me fait penser au scénario des séries de 2012, quand les jeunes Mooseheads de Halifax avaient surpris la planète LHJMQ en atteignant la demi-finale du circuit. Dirigés par le duo Ducharme-Hartley, les recrues de 16 ans Nathan MacKinnon, Jonathan Drouin et Zachary Fucale en avaient alors mis plein la vue aux amateurs. Une année plus tard, la formation néo-écossaise raflait la coupe Memorial…
Bien sûr, beaucoup de choses peuvent survenir d’ici là. Les Voltigeurs ne sont pas l’unique organisation dont l’avenir immédiat s’annonce très prometteur. Au moins une demi-douzaine d’équipes ont de grandes ambitions pour les prochaines campagnes. Mais dans cette course vers les grands honneurs, Ducharme a peut-être un avantage sur ses homologues : une banque de choix très bien garnie, incluant le premier choix des Olympiques de Gatineau au prochain repêchage, qui pourrait s’avérer une excellente monnaie d’échange.
Somme toute, de bien belles choses se profilent à l’horizon pour les Voltigeurs et leurs partisans. Possiblement encore échaudés par les insuccès répétés de l’équipe, qui n’a pas gagné un seul match éliminatoire depuis 2014, les amateurs se font toutefois toujours attendre dans les gradins du Centre Marcel-Dionne. Parions que les billets s’envoleront plus vite à mesure que le mot se passera en ville : il y a peut-être une équipe championne en devenir dans le vétuste aréna de la rue Cockburn…