PORTRAIT. Me Serge Bernier, avocat bien connu de Drummondville, a récemment été élu par acclamation à titre d’administrateur du Barreau du Québec. Pour un mandat de deux ans, il représentera la section d’Arthabaska au sein de cet organisme qui a pour mission de protéger le public. Dire qu’à sa sortie du secondaire, Me Serge Bernier n’envisageait pas de pratiquer le droit.
Ayant de la facilité à l’école, Me Serge Bernier a confié lors d’une entrevue avec le journalexpress.ca qu’il a hésité à sa sortie du secondaire à faire un choix de carrière.
«Je me disais que je voulais faire des études plus courtes pour m’amener un beau métier. Je voulais être pompier. Mais j’avais un peu d’asthme et je voyais plein de mes amis aller au cégep et à l’université, j’y suis allé», se rappelle l’avocat admis au Barreau en 1995.
Sans être modeste, Serge Bernier est issu d’une famille où l’argent ne tombait pas du ciel. Son père est mécanicien; sa mère travaille dans une école comme éducatrice spécialisée. Bien que ne provenant pas d’une lignée de juristes, il ne se considère pas comme un outsider dans le milieu du droit.
«Venant d’un milieu populaire, ça m’a aidé dans le droit des affaires. Comme bien des avocats de région, j’ai fait de tout. Je ne refusais pas grand-chose au début de ma carrière», raconte celui qui, dès le lendemain, de son stage à l’aide juridique, a créé son propre emploi. C’est alors qu’il loue un petit bureau à Me Gilles Rhéaume, un avocat d’expérience duquel il apprend énormément pendant deux ans. «C’était quelqu’un qui ne se mêlait de rien, mais qui était tout le temps là pour m’aider. Il me laissait aller. Je ne me sentais pas surveillé. Mais aussitôt que j’avais une question de droit et d’affaire, il était là», se souvient-il.
Le temps passe, Catherine Fournier, sa conjointe, complète ses études en droit en 1998. Ils s’associent. Encore là, ils font de tout et le réseau de clients s’élargit. Miguel Mpetsi Lemelin, un nouvel associé, se joint à eux en 2008 dans une équipe qui compte maintenant 13 juristes. Avec l’arrivée de spécialistes dans les différents domaines du droit, Me Serge Bernier en vient, évidemment, à se spécialiser dans le droit des affaires, ce qui l’amène à moins plaider. S’ennuie-t-il de l’excitation, d’une forme de frénésie associée à la cour?
«C’est gratifiant le droit des affaires. Quand tu as travaillé un dossier et qu’il est réglé à la satisfaction de ton client, tu es heureux. Là, pour moi, c’est un trip aussi fort que de plaider», rapporte celui pour qui le droit des affaires se base sur la relation avec la personne.
Il ajoute : «Dans ce type de droit, tu développes une relation privilégiée avec un client. C’est un peu de représenter quelqu’un dans toutes les sphères de ce qu’il fait. C’est le fun de régler des litiges, mais c’est aussi plaisant de construire», de confier celui qui considère qu’un avocat est un spécialiste dans la recherche de solutions.
Cette affirmation de Me Bernier peut en surprendre plusieurs. Elle apparaît à l’opposé de la perception générale du public du métier d’avocat. L’homme de Drummondville en est conscient et c’est pour cette raison qu’il a fait de la valorisation de la profession d’avocat un des aspects centraux du document de présentation de sa candidature au Barreau du Québec. «Quand les gens font affaire avec nous, le jugement envers notre travail est plus positif. Souvent, les gens entrent dans nos bureaux et ils ne savent pas quoi faire. Quand ils en sortent et qu’on leur dit qu’on s’en occupe, qu’on les prend en charge, ils sont soulagés. Ils n’ont pu à s’inquiéter», indique Serge Bernier.
Il demeure que le système de justice québécois n’est pas exempt de défauts, entre autres au niveau de l’accessibilité. Me Bernier propose à ce sujet que les frais juridiques en droit familial deviennent déductibles. Il prône également une augmentation du barème de l’aide juridique.
«Quand ça arrive ponctuellement dans une vie, c’est vrai que les gens trouvent que cela coûte cher», reconnaît-il.
En ce qui concerne les délais qui semblent être inscrits dans l’ADN du système de justice, le nouvel administrateur au Barreau du Québec constate que des améliorations peuvent être apportées. C’est dans cette optique qu’il accueille favorablement le plan de modernisation de la ministre de Justice, Stéphanie Vallée, qui prévoit une optimisation des processus et l’intégration d’outils technologiques. «Également, si la ministre de la Justice nomme plus de juges, si on a plus de salles et de procureurs, les avocats, on va fournir. Je ne suis pas inquiet», de conclure avec confiance Me Serge Bernier.