AGRICULTURE. La ferme Canneberges L&S procède, depuis la mi-septembre, à sa 22e saison de récolte de ce petit fruit rougeâtre. Pour ce faire, le géant producteur de canneberges inonde ses champs et s’assure de cueillir les baies avec la plus grande délicatesse, pour en faire des fruits frais.
Depuis le début de l’été, les canneberges poussent dans les champs de Canneberges L&S, une ferme située à Saint-Lucien et qui fait partie de la coopérative de producteurs Ocean Spray Cranberries. Spécialiste du fruit frais, et pour répondre à la demande croissante du marché, l’entreprise emballe dorénavant plus de 85 % de ses canneberges. Les 15 % restants sont, quant à eux, destinés au marché de la transformation.
Un climat rêvé pour la canneberge
«Le climat au Centre-du-Québec est pratiquement parfait pour la culture de ce fruit puisque les terres sont sablonneuses et plates. Puis, n’ayant pas le choix de travailler avec de l’eau, la région est un endroit stratégique. Les insectes et mauvaises herbes meurent l’hiver et le climat sec permet au fruit de ne pas pourrir, contrairement à des fermes, comme au Massachusetts, qui doivent gérer des vagues d’insectes en plus de l’humidité», précise Kevin Connolly, directeur général chez L&S et président de l’Association des producteurs de canneberges du Québec. Selon lui, la canneberge est au Centre-du-Québec ce que le bleuet est au Saguenay.
«Le bon climat permet de cultiver une canneberge de qualité en utilisant moins de produits chimiques. Les gens croient aussi à tort qu’on gaspille beaucoup d’eau. En fait, on reprend la même eau, chaque année, pour inonder nos champs. C’est de l’eau qu’on amasse des pluies et de la fonte des neiges et que l’on conserve dans de grands bassins», fait savoir le producteur.
Une culture encore méconnue
«Les canneberges poussent dans des vignes, donc ce sont des plants qui restent année après année, tant qu’on en prend bien soin. Au printemps, les bourgeons sortent et on les pollinise avec des abeilles. Pour cela, on loue des ruches à des apiculteurs. Puis, tout l’été, les fruits mûrissent et on commence la récolte vers la mi-septembre», explique M. Connolly.
Pour amasser les canneberges fraîches, il est nécessaire d’inonder les champs. Chaque baie contient une petite poche d’air qui lui permet de flotter à la surface de l’eau. Puis, une machine agricole passe dans les champs pour décrocher le fruit de sa plante et, par le fait même, le ramasser.
Chaque année, la ferme L&S accueille une soixantaine de travailleurs étrangers pour aider à la récolte. «Il serait impossible de faire cela sans eux. Cette année, nous avons soixante employés qui arrivent directement du Mexique et qui sont ici pour une durée de quatre à huit mois. C’est un partenariat avec le pays qui nous permet d’avoir accès à cette main-d’œuvre», soutient M. Connolly.
Comme toute entreprise au Québec, la Ferme L&S se heurte actuellement à la pénurie de main-d’œuvre. «Les travailleurs étrangers ne peuvent que faire la récolte et pour notre usine, on manque d’employés. Surtout à Drummondville, on compétitionne contre des manufactures comme Soprema et Soucy. Ça nous aura permis de revoir nos installations et de les améliorer», ajoute-t-il.
La ferme Canneberges L&S possède 400 acres cultivables pour un terrain total de 800 acres. Le triage, le séchage et l’emballage des petits fruits se font directement dans leur usine. «Quand les fruits sortent d’ici emballés, il s’en vont directement dans les magasins, pour plus de fraîcheur», conclut Kevin Connolly.