Après avoir exploité toutes les ressources internes pour contrer la pénurie d’infirmières, le CSSS Drummond a commencé à implanter, de façon volontaire, les horaires de 12 h. Comme le manque de personnel se fait davantage sentir en centre d’hébergement, une première entente a été signée en décembre 2010 pour l’unité de vie du 2e Ouest au Centre Frederick-George Heriot. Une initiative qui fait boule de neige.
Conscients de la nécessité d’agir, les responsables des ressources humaines du CSSS Drummond ont amorcé plusieurs chantiers afin de contrer, dans la mesure du possible, les effets de la pénurie d’infirmières, à partir de quatre irritants majeurs qu’elles ont exprimés : le temps supplémentaire obligatoire, la dure conciliation travail-vie personnelle, l’instabilité dans les unités et la sous utilisation de leurs compétences professionnelles.
Depuis, plusieurs solutions ont été apportées. D’abord, la réorganisation du travail a été revue sous l’angle de l’optimisation des rôles. De plus, la grande majorité des étudiants de 3e année en soins infirmiers feront désormais leurs stages rémunérés (externat) en centre d’hébergement. Enfin, l’offre de travail a été élargie, si bien que les infirmières ont le choix de travailler 2, 3, 4 ou 5 jours par semaine. C’est sans oublier le premier projet-pilote qui a été lancé pour l’implantation des horaires de 12 h. L’expérience a été concluante à un point tel que les employés ont demandé la reconduction de l’entente pour une durée de 12 mois supplémentaires.
Une solution qui appartient aux employés
«On assiste à un véritable virage et si on réussit à en faire une stratégie gagnante, c’est parce que les employées s’impliquent. C’est la beauté du projet», insiste Étienne Charpentier, directeur des ressources humaines du CSSS Drummond.
Le succès de ce projet-pilote a suscité l’intérêt d’autres unités qui ont par la suite reçu des séances d’informations sur le sujet, en collaboration avec le syndicat FIQ. S’il le juge opportun, ce dernier organise un vote. Pas moins de 75 % des infirmières au sein d’une même unité doivent être favorables à l’horaire de 12 heures pour que celui-ci soit implanté.
L’infirmière Denise Larocque fait partie des premières infirmières à avoir tenté l’expérience de ces nouveaux horaires, qui lui permettent de travailler seulement une fin de semaine sur trois.
«Ça me plaît beaucoup. L’obligation de devoir prolonger le quart de travail à la dernière minute était en train de me tuer. Aussi, on a maintenant plus de jours de congé. Ça a amené des changements dans ma vie, mais j’étais prête à faire les ajustements nécessaires. Je me sens en préretraite!», exprime-t-elle.
En effet, ce type d’horaire est reconnu pour dégager des ressources, augmenter la satisfaction du personnel, diminuer le taux d’absentéisme et le temps supplémentaire et augmenter l’attraction ainsi que la rétention de personnel.
Qui plus est, quatre unités sur huit, parmi les infirmières en centre d’hébergement, auront opté pour les horaires de 12 h à partir du 19 juin.
«Éventuellement, ça pourrait s’étendre à d’autres types d’emploi, comme les infirmières auxiliaires. Du moins, le CSSS Drummond va démontrer une ouverture», avance Caroline Gadoury, conseillère-cadre du programme pour personnes en perte d’autonomie.
Au total, le CSSS Drummond compte quelque 80 infirmières qui oeuvrent en centre d’hébergement. Elles se répartissent au sein de huit unités.
La vie en hébergement représente une importante étape de vie pour la personne en perte d’autonomie. Dans cette optique, la pratique infirmière en hébergement comporte de nombreux défis, dont celui de l’accompagnement des personnes et de leurs proches. C’est en effet un milieu dans lequel l’infirmière jouit d’une grande autonomie et où elle joue un rôle-clé. Ses habiletés relationnelles sont mises à profit dans tous les aspects de sa pratique tant auprès des résidents et de leurs familles qu’auprès des médecins, etc.
Un chantier sera d’ailleurs lancé prochainement pour revaloriser le travail des infirmières en centre d’hébergement.