L’avenir de l’urgence inquiète

L’avenir de l’urgence inquiète
L'urgence de l'hôpital Sainte-Croix. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Le chef de l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville, François Champagne, est inquiet pour l’avenir de la couverture à l’urgence par les médecins.

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette exige maintenant des médecins qu’ils assurent un nombre minimal d’heures en clinique. Cette vision fait en sorte que ceux-ci sont de moins en moins disponibles pour l’hôpital.

S’il admet que les groupes de médecine de famille (GMF), sur lesquels le politicien base notamment sa stratégie, peuvent aider à désengorger la salle d’attente de l’urgence, il trouve dangereux que cela se fasse au détriment de l’hôpital. «Le problème, c’est que l’urgence, ce n’est pas seulement une salle d’attente», lance-t-il.

«Les cas qui sont dans la salle d’attente, la plupart du temps, ne sont pas dangereux (…) Le problème se fera surtout sentir avec les patients hospitalisés. Les cliniques ne peuvent pas nous aider pour ça (…) On risque même d’empirer le problème car on va sortir les docteurs de l’hôpital», explique-t-il. Dr Champagne donne en exemple un homme de 85 ans qui est déshydraté en raison d’une gastro qui ne pourrait pas être aidé dans une clinique si son état nécessite d’être couché sur une civière, avec un soluté.

D’avoir une couverture de première ligne plus grande et d’avoir davantage de place pour les sans rendez-vous en clinique aidera certes le système, mais cette vision ne règlera pas tous les maux, selon lui. «Il y aurait 80 % des visites dans les urgences qui seraient justifiées. Il y a donc un 20 % qui pourrait être géré dans les GMF. Mais le reste doit être traité à l’urgence. Si le patient va voir son médecin dans un GMF parce qu’il a une fracture de la cheville, le patient devra quand même venir à l’hôpital pour une radiographie, pour une attelle et pour voir le spécialiste. «Si on ne trouve pas une façon intelligente d’orienter ces patients-là après être allé à la clinique, ils vont aboutir à l’urgence quand même.»

François Champagne est catégorique; une réorganisation de la seconde ligne – pour que les médecins de famille puissent référer des patients aux spécialistes rapidement – est nécessaire pour améliorer le système de santé. Or, pour le moment, du moins, le ministre Barrette s’attarde surtout à la première ligne.

Parallèlement, la disparition du RAMD inquiète profondément le chef de l’urgence. Drummondville serait l’une des trois seules villes au Québec où les cibles du ministère de la Santé en termes d’inscription de patients et d’assiduité a été atteinte. «Mais on se fait couper la RAMD!» s’insurge-t-il en ajoutant que l’objectif de la super clinique qui remplacera le RAMD aura comme objectif de voir 20 000 patients annuellement alors que le RAMD en voyait 23 000.

Le cadre réseau du ministre, qui vient préciser les nouvelles façons de faire pour les services de première ligne, est sorti récemment et «ça n’a pas d’allure», estime le Dr Champagne. Celui-ci est convaincu que le modèle ne fonctionnera pas à Drummondville. Selon lui, le bassin de médecins n’est pas assez grand pour la mise en place d’une couverture entre 8 h et 20 h, sept jours sur sept. «Si tous les médecins de la ville embarquaient, ça pourrait peut-être marcher, mais plusieurs médecins sont déjà impliqués dans un GMF et ont déjà des patients, alors ça ne marchera pas.»

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